Voilà donc Montréal transformée en phytophage corps callipyge grâce à Dorianne sortie tout droit d’un roman de Marcel Proust : fugitive égérie que le vin fait halluciner, tous les moteurs de la ville — vrombissantes voitures phalliques — se lançant à sa poursuite pour l’écraser définitivement sur l’asphalte chaud de la nuit.
Un temps, la triade que forment Pierre, Vincent et Pietr la sauvera de la mécanique nocturne mais, dès les premières pages du roman, la chose était déjà entendue : bien que s’agitant dans le labour et le débours de la nuit, les spectres, pareils aux vampires si chers à Pietr, ne sauraient résister à la remontée inéluctable du jour, Montréal redevenant l’infamie de la misère sociale, sa luminosité fourbe s’étalant comme une énorme main sale sur les choses et le monde.
Dans Ces spectres agités, on est dans l’univers atomisé du Grand Morial où les affinités électives demandent encore à venir vraiment — ce choix nouveau de sa véritable parentèle, et dont le roman de Louis Hamelin pose un jalon essentiel dans notre littérature.
Extrait de la préface de Victor-Lévy Beaulieu.
Ces spectres agités est paru à l’origine en 1991.
Ce que la presse en dit
«Les mots jouent leur éblouissante et mystérieuse magie.»
Andrée Poulin, Le Droit
«M. Louis Hamelin est parmi ces écrivains qui, actuellement, sans qu’il y
paraisse trop encore, apportent au roman québécois un souffle nouveau.»
Réginald Martel, La Presse