« La peur de perdre cet enfant me hantait. C’était une peur de moi-même, de mon manque de mérite en tant que mère, du manque d’instinct maternel en moi, je suppose, qui, ordinairement, tire les parents par les cheveux et leur fait jouer ce rôle jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus, jusqu’à leur mort. »
Une femme trouve un enfant sur le pas de sa porte. Recroquevillé, muet. Elle décide de l’adopter et se retrouve soudain investie du rôle de mère. Son mari, ses voisins, ses amis ne la considèrent plus de la même façon. Elle, la première, se sent menacée au plus profond de son être. Ne doit-elle pas désormais consacrer sa vie à combler les besoins de sa progéniture ? N’est-elle pas tout à coup engagée dans une vaste entreprise, sa descendance, qui s’étendra bien au-delà de sa mort, de celle de son fils, mais qui ne peut que provoquer son propre anéantissement ?
Ne se trouve-t-elle pas condamnée, comme la femelle du ver à soie, à mourir, épuisée, après avoir assuré la survie de l’espèce ?
Renversant la perspective qui était celle de son troisième roman, L’Ingratitude, Ying Chen donne ici un livre dérangeant, choquant, scandaleux. Avec une dévorante ironie, elle dynamite les bons sentiments qui encombrent immanquablement les discours au sujet de la maternité.
En montrant l’impossibilité d’être mère, elle révèle au grand jour la tragédie qui se cache au creux de chacun de nos gestes, même les plus banals. En démontrant, au fond, l’impossibilité de vivre, elle nous permet paradoxalement de cerner au plus près ce qu’est cette chose révoltante, insaisissable : la vie.
Ce que la presse en dit
"Ying Chen est de retour.
Elle revient en force avec Un enfant à ma porte. Une charge terrible contre la maternité. Où une mère dit tout. Tout ce que les mères s'interdisent de dire. Attention, ça fait mal. C'est caustique, méchant. Et magnifique."
Danielle Laurin, Le Devoir