L’une des différences frappantes entre le Québec de la fin du XIXe siècle et celui des années 1970 est certainement la réduction spectaculaire de la taille des familles. Contrairement à une impression largement répandue, cette évolution vers des familles de taille réduite ne s’est pas faite en quelques années seulement durant la Révolution tranquille. Les auteurs du présent ouvrage ont cherché à comprendre le long chemin parcouru depuis la fin du XIXe siècle par les femmes et les hommes québécois pour parvenir à maîtriser leur fécondité et choisir le nombre d’enfants qu’ils auront.
À première vue assez pointue, cette question peut en fait servir de révélateur à bien d’autres aspects de l’histoire sociale du Québec. Liée comme ailleurs à la montée du capitalisme industriel et à l’urbanisation, elle n’est pas étrangère aux valeurs culturelles, à l’appartenance religieuse ou ethnique des individus, et s’inscrit dans un contexte balisé par les interventions de l’État. À travers une meilleure connaissance du déclin de la fécondité et des facteurs ayant pu y conduire, c’est donc aussi l’histoire de la rencontre du Québec avec la modernité qui est abordée.