Cet essai est né d’une interrogation : comment expliquer le retour en force, depuis les années 1980-1990, de la question des relations entre science et religion et des appels au « dialogue » entre ces deux domaines pourtant si éloignés par leurs objets et leurs méthodes ?
L’historien des sciences Yves Gingras analyse d’abord les limites théologiques de l’autonomie de la recherche scientifique au XVIIe siècle. Il retrace ensuite la longue histoire allant de la condamnation de Galilée pour hérésie en 1633 jusqu’à sa réhabilitation par Jean-Paul II après plus de trois cent cinquante ans de revendications en ce sens par les savants européens. Il montre enfin comment Dieu et la théologie naturelle sont devenus marginaux dans le champ scientifique au cours des XVIIIe et XIXe siècles, à mesure que la pensée scientifique naturaliste s’est étendue à la géologie, à l’histoire naturelle, aux origines de l’homme et à l’histoire des sociétés et des religions.
Face à la montée de mouvements religieux et spirituels néoromantiques qui rejettent les acquis des recherches scientifiques les mieux établies, l’auteur en appelle à prendre le parti de la raison.
Yves Gingras est professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences. Il a publié de nombreux ouvrages d’histoire et de sociologie des sciences. Les plus récents sont Sociologie des sciences (PUF, 2013) et Controverses, accords et désaccords en sciences humaines et sociales (CNRS, 2014).