Le philosophe Michel Seymour aborde ici le thème de l’État multinational comme modèle d’organisation politique. S’inscrivant directement dans la foulée des travaux de Charles Taylor, de Will Kymlicka et de John Rawls, il se donne pour objectif de formuler une théorie originale des droits collectifs. Seymour traite particulièrement des minorités nationales au sein de l’État-nation ainsi que des peuples inscrits dans des organisations supranationales. Il réfléchit aux conditions qui pourraient garantir la viabilité de toute forme d’arrangement « plurinational », ce qui inclut autant les États-nations rassemblant des minorités nationales diverses que les États multinationaux et les organisations supranationales rassemblant différents États souverains. Il s’attaque à la « reconnaissance politique » des peuples, qui peut apparaître comme une condition sine qua non pour assurer la viabilité de toute forme d’arrangement plurinational, mais qui peut aussi être admise pour des raisons morales. Il examine en ce sens les arguments récents qui sont favorables ou défavorables à l’octroi de droits collectifs pour les groupes nationaux au sein d’une seule et même entité politique. S’il s’intéresse aux droits collectifs, c’est parce qu’il faut faire appel à de tels droits pour que la reconnaissance politique des peuples puisse prendre forme. De la tolérance à la reconnaissance est une contribution majeure à la philosophie politique des droits collectifs. Michel Seymour accomplit un travail essentiel à la conceptualisation et à la définition de notre place si particulière dans le concert des nations.