Né au Saguenay en 1943, Gérard Bouchard vit aujourd’hui à Chicoutimi où il enseigne au Département des sciences humaines de l’Université du Québec à Chicoutimi.
Après avoir obtenu un baccalauréat en arts au Collège de Jonquière, un baccalauréat et une Maîtrise en sociologie à l’Université Laval, il fait, en 1971, un doctorat en histoire à l’Université de Paris (Nanterre).
Depuis 1971, il est professeur d’histoire et de sociologie à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Parallèlement, il a également été professeur associé à l’Université du Québec à Montréal (1974), à la Faculté de médecine de l’Université Laval (1988-1989). Titulaire d’un Séminaire à la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord (CEFAN), de l’Université Laval (1991), il a aussi été directeur d’études associé à l’École des hautes études en sciences sociales, à Paris (1977, 1991 et 1999).
En 1972, il a fondé et dirigé l’Institut interuniversitaire de recherches sur les populations. Entre 1988 et 1998, il a été coresponsable du Projet d’histoire rurale comparée Québec/France (xviie-xviiie s.). Il a aussi cofondé le Groupe de recherches sur les affaires publiques, dont il a été le coordonnateur de 1988 à 1990. Il est également cofondateur de la Corporation de recherche et d’action sur les maladies héréditaires (CORAMH) (1979) et a lancé en 1972 le Projet BALSAC (fichier de population informatisé du Québec) qu’il a dirigé jusqu’en 2010. Il est actif au sein de l’Association internationale des études québécoises et il est responsable de recherche au Réseau québécois de médecine génétique.
Gérard Bouchard a fait partie de divers comités de rédaction de périodiques, notamment la Revue d’histoire d’Amérique française, Histoire sociale/Social History, Canadian Historical Review, Revue canadienne des sciences régionales et Globe. Auteur de plus de 280 articles scientifiques, il est membre de nombreux conseils d’administration ou de comités directeurs d’organismes scientifiques et demeure toujours actif au sein d’organismes tels que le Réseau de médecine génétique appliquée du Fonds de recherche en santé du Québec, le Comité consultatif pour les aspects éthiques, juridiques et sociaux du Programme canadien de technologie et d’analyse du génome, le Conseil aviseur du Canadian Families Project (Vancouver), et le Center for Population Studies (Suède).
Depuis 1975, il a organisé une quarantaine de colloques ou ateliers sur des thèmes aussi variés que la génétique et l’épidémiologie, l’éthique et le droit, la diversité ethnique, la société rurale, l’histoire régionale, l’historiographie québécoise, la famille, l’économie régionale, l’histoire nationale comparée, les imaginaires collectifs. Il a prononcé plus de 624 conférences ou communications à des rencontres scientifiques au Québec, au Canada et à l’étranger.
Outre les prix attribués à ses ouvrages, Gérard Bouchard a reçu le prix Jacques-Rousseau de l’ACFAS (interdisciplinarité et humanisme) en 1985, le Méritas saguenayen pour la recherche scientifique, en 1985, le prix du Scientifique canadien francophone de l’année, décerné en 1991 par la Société Radio-Canada, le prix Guy-Frégault de l’Institut d’histoire de l’Amérique française, en 1987 et en 1997, le prix Louis-Gérin en sciences sociales du gouvernement du Québec, en 1993. Il a été élu, en 1985, à l’ Académie des lettres et sciences humaines de la Société royale du Canada. Au printemps 2001, Gérard Bouchard a reçu pour l’ensemble de son œuvre le prix Gérard Parizeau – Histoire. Il a aussi reçu, en juin 2001, un doctorat honoris causa de l’Université McGill. Et en juin 2001, il est récipiendaire d’un doctorat Honoris causa de l’Université de Guelph en Ontario.
Depuis février 2002, Gérard Bouchard est titulaire d’une chaire de recherche du Canada sur les mythes sociaux et les imaginaires collectifs, et depuis 2003, il est membre de l'Académie des lettres du Québec.
Entre août 2007 et janvier 2008, Gérard Bouchard a été coprésident, avec Charles Taylor, de la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles, mandatée par le gouvernement du Québec.
Entre août 2008 et juin 2009, Gérard Bouchard a été titulaire de la Chaire de recherche Mackenzie-King William Lyon en études canadiennes à l’Université Harvard, Cambridge.
Presse
À propos de Mistouk
Mistouk parle d’un temps où le Saguenay entretenait des rêves de grandeur et de liberté. Forte des hôtes cosmopolites de son Chateux Roberval, Chicoutimi aspirait alors à devenir la Chicago du Nord… L’époque héroïque de la colonisation, «où tout redevenait
possible […]. Comme aux premiers temps du monde». Un univers vaste, dur et enchanté, aujourd’hui disparu, que ce gros roman émouvant, le premier du sociologue Gérard Bouchard, ranime à la vie avec autant de chaleur et d’ampleur
L’auteur inédit de Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde a su faire vivre son objet d’étude favori avec beaucoup de conviction, de saveur et de sentiments, malgré certaines longueurs au début. Plusieurs épisodes témoignent de son talent de conteur, un hiver de famine en forêt, un accouchement qui tourne horriblement mal, la pénible traversée d’une tempête de neige pour sauver un bûcheron blessé…
Hommage à ces pionniers à la fois humbles et grands de cœur, le roman fourmille de personnages colorés ou attachants; la tragique Mathilde, promise dès le berceau à un destin de religieuse qui ne correspond pas à son tempérament passionné, Moïse, le taciturne Manigouche, le curé rebelle, l’éloquent oncle Almas…
Et Méo l’indécis, partagé entre son amour de sa terre natale et l’appel du large. La belle voisine, Julie, fait figure de patiente Pénélope de cet Ulysse volontaire, poussé à la bougeotte par on ne sait quelle insatisfaction. En fuite perpétuelle tout au long de sa vie, épris de liberté, esquivant les responsabilités, «Le Grand» n’aura planté ses racines nulle part…
Gérard Bouchard raconte cette dense odyssée saguenayenne avec une plume évocatrice, souvent pleine de verve, dans des dialogues restituant la langue orale, des descriptions exaltant la nature. Mistouk est un beau chant de la terre. Un chant d’amour de l’auteur à son coin de pays et à ses premiers habitants.
Marie Labrecque, «La fabuleuse histoire d’un royaume», Voir, 27 juin-3 juillet 2002.
À propos de Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde
Avec Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde, Gérard Bouchard publie un livre qui devrait faire date. L’ouvrage propose une nouvelle façon de concevoir l’histoire du Québec.
L’école véhicule depuis longtemps un grand nombre d’idées reçues sur l’histoire de notre société: du temps de la Nouvelle-France, tout aurait été pour le mieux; depuis la Conquête et l’échec de la Rébellion de 1837-1838, on n’en finirait plus de lutter vaillamment contre les méchants Anglais. Et les ténors du nationalisme étroit d’entonner leur refrain: s’il faut faire l’indépendance, c’est pour finalement mettre fin à 240 ans de domination british! Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde fait comprendre que les choses ne sont pas aussi simples que ça.
Une bonne part de Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde est consacrée à une présentation de la constitution de l’identité des pays de l’Amérique latine, des États-Unis, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Parce qu’il s’avère fort intéressant de comparer les questions que nous nous posons sur notre identité à celles que se sont posées et se posent encore d’autres collectivités aussi neuves que la nôtre. Et de découvrir, par exemple, qu’on peut très bien parler de culture sans soulever sans cesse le rapport à la langue de la métropole: «[…] la langue n’a jamais été dans les cultures nationales latino-américaines un facteur de division et d’angoisses collectives comme elle le fut et continue à l’être au Québec».
Ne serait-ce que par cette esquisse d’histoire comparée, la démarche de Bouchard nous change de celle de la plupart de nos historiens. Jusqu’à très récemment, à cause de «la relation de dépendance très intense, quasi exclusive, que [nos] élites socioculturelles ont longtemps entretenue avec la France», ils n’ont cessé d’observer notre histoire à la seule lumière de l’expérience française.
Afin de comprendre ce qui a su se jouer dans ce qu’il a décrit comme «les angles morts de la mémoire nationale», Gérard Bouchard se devait de déborder du champ de vision trop restreint des historiens patriotards. Genèses des nations et cultures du Nouveau Monde est un livre qui change la vision que nous pouvons avoir de notre histoire, ce qui est une façon de commencer à changer le cours de cette histoire.
Pierre Monette, «Liaisons dangereuses», Voir, 6-12 avril 2000.