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Rémy Simard

Rémy Simard

Rémy Simard est né à Roberval en 1959. Grand lecteur de bandes dessinées, il commence très tôt à recopier les dessins de ses auteurs préférés (André Franquin notamment).

Il publie en 1978 ses premiers dessins dans le magazine Continuum de l’Université de Montréal où il fait des études. Diplômé en sciences politiques, il présente ses dessins à la maison d’édition scolaire Études vivantes, en 1980, qui les accepte et lui offre son premier contrat de bédéiste: il illustrera quelques volumes de la collection «Les Apprentis». La même année il participe à un album sur les préoccupations sexuelles des jeunes pour le Bureau de consultation-jeunesse et la clinique des jeunes Saint-Denis.

En 1982 il publie dans Cocktail, dans Croc avec Jules Prud’homme, puis, un peu plus tard, commence à travailler pour Télé-détente, présentée dans les pages du magazine TV-Hebdo, collaboration qui durera une dizaine d’années.

En 1986, il fonde les Éditions Kami-Case, afin d’y publier ses propres BD dans un premier temps. Mais très vite Kami-Case s’ouvre à d’autres auteurs comme Claude Cloutier, Caroline Merola, Garnotte, Jean Lacombe et Benoit Joly. Il est élu président de l’ACIBD (Association des créateurs et intervenants de la bande dessinée) en 1989.

Dans les années 1990, cherchant à intégrer plus d’humour dans sa production, il crée la série Roberval Kid et écrit en parallèle, sur les conseils de Raymond Plante, son premier roman jeunesse, La B.D. donne des boutons (1991). À partir de là, la production de Rémy Simard alternera entre ses propres romans ou ses bandes dessinées et les nombreuses illustrations que lui demandent d’autres auteurs.

Collaborateur occasionnel à différents magazines et revues, tels que Enfants Québec et Petits et grands d’un côté, mais aussi Iceberg et Spoutnik (Éditions de La Pastèque), fort d’une trentaine de titres, Rémy Simard est un auteur incontournable dans le monde de l’illustration au Québec.

Presse

Entretiens avec Nathalie Dorais

Vos livres regorgent d’humour absurde et d’aventures fantastiques. Pourquoi avoir choisi ce registre?

Parce que j’ai envie d’écrire et d’illustrer des histoires qui nous amusent, moi et mes fils. Je leur montre toujours tout ce que je fais. Quand ils me disent «Désolé, papa, mais tu ne l’as pas», je retourne à ma table à dessin! De plus, je baigne dans un univers de garçons. J’en suis un et je suis entouré de deux fils de 11 et 13 ans [en 2001]. Les petits gars aiment les livres où il y a des aventures, des avions, des petites bagarres et des voitures. D’ailleurs, le livre préféré de mon plus jeune fils, c’est le Guide de l’auto!

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Comment la collection Maboul aide-t-elle les lecteurs à faire le saut de la bande dessinée au roman?

Nos livres sont très illustrés, avec des chapitres très courts. Un enfant de deuxième ou de troisième année ou un mauvais lecteur peut les lire en une semaine. Je connais même un garçon de 12 ans qui attend toujours impatiemment le prochain tome des «Aventures de Billy Bob»! Maboul est une collection qui marche énormément. La qualité des histoires, son côté rigolo et le fait qu’il s’agit de séries où les lecteurs peuvent retrouver leurs héros y sont pour beaucoup. Quand tu aimes un produit, tu veux pouvoir retrouver le même genre sans avoir toujours à relire le même livre.

Est-ce qu’on doit s’inquiéter quand son enfant ne lit que des bandes dessinées?

Mais non, car il s’agit quand même de lecture. Les parents se disent: «Ouais, mais c’est facile, il n’y a que 40 pages.» Mais si tu donnes un roman de 300 pages à un enfant qui aime moyennement la lecture, il va se décourager. Alors que s’il termine une bande dessinée en deux soirs, il est fier. Les enfants se sentent très valorisés lorsqu’il ont fini de lire un livre. Et cela va les inciter à continuer! On peut très bien s’initier à la lecture de romans par le biais de la bande dessinée.

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Comment vous êtes-vous retrouvé dans ce métier?

J’ai eu la chance de commencer à travailler pendant la belle époque. Depuis l’âge de seize ans, je griffonais des dessins en m’inspirant de mes bandes dessinées préférées. Un jour, un ami m’a suggéré de présenter mes dessins à une maison d’édition scolaire. Dans les années 1980, ce secteur a pris de l’expansion et on a eu besoin d’illustrateurs. On m’a commandé quatre petits livres à illustrer, ce qui serait impensable aujourd’hui, avec le manque d’expérience que j’avais! Je ne possédais même pas de portfolio! Je n’ai suivi aucun cours d’illustration. J’ai étudié en sciences politiques, puis en arts plastiques pendant une année. D’ailleurs, j’ai bien aimé cette dernière expérience. Une fois, j’ai exposé l’envers d’une de mes créations et mon prof a adoré! J’ai trouvé ça drôle!

Nathalie Dorais, «Rémy Simard. Un bon petit diable», Le Magazine Enfants Québec, juin-juillet 2001.

Il travaille seul. Quand une aventure est terminée, il ne se retourne pas, il poursuit son chemin. Il n’a peur ni de l’étranger ni de l’incongru. «J’ai un style vraiment pas évident à placer n’importe où, mais je ne fais pas de compromis là-dessus. Je veux bien changer des choses, mais si l’histoire ne marche pas, je la fais sauter. C’est ma philosophie: je ne retravaille pas, quand l’histoire est boiteuse. Non, on oublie ça et on passe à autre chose.» Rémy Simard ressemble un peu à Lucky Luke. Ce petit côté cowboy solitaire n’est pas dénué de charme. Ses munitions: fantaisie et humour, et il a le tir juste et rapide!

C’est vrai que son style ne laisse pas indifférent. La logique déraille, les images se jouent des mots et les conventions n’ont qu’à bien se tenir. De Roberval Kid jusqu’à Mon chien est un éléphant, la tactique reste la même. Tout l’art de Rémy Simard consiste à jeter le lecteur par terre… pour mieux l’entortiller. Le fil de l’intrigue se fait lasso, nous prend et nous déséquilibre. On aime ou on n’aime pas, mais on perd pied à tous les coups. «Les enfants sont capables d’en prendre, argumente-t-il, mais Dieu qu’on les prend au sérieux!»

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Le passage à l’écriture d’un roman paraissait plus périlleux. Sans avoir peur des hauteurs, le jeune écrivain ne se sentait pas prêt à faire le saut. Il explique: «Je ne pensais jamais être capable d’écrire des romans jeunesse! À l’époque, j’écrivais un peu pour la télévision: Pop citrouille, Court circuit, mais c’était fastidieux. Je m’imaginais mal en train de travailler un texte de plus de dix pages! Soixante pages! Non. Je ne m’en croyais pas capable. Raymond Plante m’avait demandé d’écrire un article pour Lurelu sur la bande dessinée. Après cet article-là, il m’a dit: «Bon, pourquoi tu n’écrirais pas un roman?»… Pourquoi pas! Je l’ai fait. C’était La BD donne des boutons

Avec un sujet comme celui-là, l’écrivain demeurait en territoire connu. Il voit dans le roman le danger caché des sables mouvants: «Si tu ne connais pas bien ton terrain, tu risques de t’enliser. Avec la bande dessinée comme sujet, je savais où m’en aller. Il y a tellement de clichés là-dessus! Je pouvais jouer avec ça. J’ai pu travailler mon écriture et ça m’a permis ensuite de m’attaquer au Léopard à la peau de banane.» Il avoue qu’il doit bien souvent réfréner sa fougue fantaisiste. Il serait porté à pousser encore plus loin l’aspect saugrenu et burlesque de ses histoires: «Mais, à cheval donné, on ne lâche pas la bride», dit-il à demi sérieux.

Isabelle Crépeau, «Rémy Simard: Rémy the Kid», Lurelu, automne 1995.

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