L’hiver nous tue. Quand ce
ne sont pas sinusites et pharyngites qui nous emportent, c’est la glace
noire, le verglas ou l’infarctus qui suit une séance de pelletage
intensif, ou encore la piste de descente quasi olympique du mont
Sainte-Anne. Comment échapper à cette fatalité?
Et si, tout simplement, c’était notre conception de l’hiver qui était
fautive ? En effet, nous nous obstinons à mener une vie productive en
hiver alors que les éléments – c’est le moins qu’on puisse dire – sont
contre nous.
Pour retrouver le bon sens, il suffirait donc d’inverser la situation.
Travaillons davantage l’été, et ainsi nous aurons tout l’hiver pour nous
reposer, pour hiberner sous la couette, en remerciant le ciel de nous
envoyer ce froid qui rend la maison si agréable. Faisons de l’hiver la
saison morte, comme il se doit.
Il fallait un anthropologue de
talent pour nous faire enfin voir l’évidence. Dans ce brillant opuscule,
Bernard Arcand propose une solution qui, moyennant le bon vouloir de
nos gouvernements, pourrait mettre un terme à nos souffrances
hivernales, en même temps qu’elle donnerait tout son sens à l’expression
de « société distincte ». Cette solution aurait également le mérite de
régler de nombreux problèmes de ladite société, qui vont de la réforme
de la santé à celle de l’éducation.