«Nue comme un bruit de neige» (Moments fragiles), la disparition de Jacques Brault (1933-2022) a à peine troublé, quelques jours durant, l’ordinaire des excitations médiatiques québécoises. S’il serait en un certain sens malvenu de s’en désoler, tant son œuvre répugne à se laisser convertir en monument et ne cesse de réitérer le désir d’une mort en sourdine, on peut néanmoins considérer, sobrement, que l’épistolier hors pair qu’il a été appelle en retour une dernière lettre de la part de ceux et celles qui aiment séjourner dans la chaleur discrète, profonde, impérissable de sa voix.
Publié sous la direction de Jean-François Bourgeault, Antoine Boisclair et Thomas Mainguy, ce livre propose une suite de lettres d’adieu, écrites par une vingtaine de personnes, afin de perpétuer la mémoire d’une œuvre incomparable. On peut croire que ces lettres furtives, selon le désir testamentaire que Brault lui-même énonçait dans un poème d’Au bras des ombres, «feront une lecture légère» à la libellule qu’il est peut-être devenu.