Art mineur, la chronique mise sur la spontanéité. Il s’agit d’un exercice d’improvisation, propice aux divagations et aux humeurs. « De l’écriture de circonstance », pour reprendre les mots mêmes de François Ricard. Pourtant, ceux qui liront les chroniques rassemblées ici (et parues à l’origine dans la revue parisienne L’Atelier du roman) retrouveront, derrière la variété des thèmes et des prétextes dictés par l’actualité ou par le hasard des lectures et des rencontres, une remarquable constance. François Ricard est un chroniqueur qui pense en toute liberté, c’est-à-dire que sa pensée, quel que soit le sujet qui l’occupe, retrouve tout naturellement son lit, son sillon, celui de l’incroyance et du rire devant la splendide bêtise qu’apporte avec lui ce « temps loufoque » qui est à présent le nôtre.
C’est ainsi que Ricard s’attaque tranquillement, selon l’inspiration du jour, aux festivals de toutes sortes qui nous tiennent lieu de vie culturelle, à la théorie littéraire et à la façon dont, dans les facultés de lettres, entre autres lieux, on cherche à se convaincre que la littérature n’est rien de plus qu’une imposture. L’histoire des gouverneurs généraux, le silence qui règne dans les forêts du mont Tremblant, le mariage gay, la niaiserie des médias ou le déferlement des « Néo-Retraités », tout lui est occasion de se moquer de l’époque, de dégonfler l’orgueil dont elle se pare et de jeter sa fausse note dans le concert d’approbation béate dont elle s’accompagne à peu près partout.