La mondialisation occupe une place importante dans l’espace public : voie obligée de la prospérité pour les uns, elle est pour les autres responsable de tous les maux affligeant la société contemporaine. Curieusement, ces jugements contradictoires sur la mondialisation tendent tous deux à négliger les discours ayant présidé à la mise en place du monde de l’après Seconde Guerre.
Dorval Brunelle revient sur les fondements de l’ordre d’après-guerre, tels qu’ils se lisent dans les propos de ses architectes d’alors. L’examen de la création des grandes institutions internationales, à cette époque, constitue le point de départ d’une analyse articulant la reconstruction des espaces international et national à la création de l’État-providence et à la reconnaissance des droits sociaux. Sur cette base, l’auteur s’attarde ensuite à l’éloignement par rapport à ce projet initial, lisible dans ce qu’il appelle la globalisation, qui rompt avec la logique mise en place au sortir de la guerre.
Dans ce nouveau cadre institutionnel, l’Amérique du Nord occupe une place privilégiée. C’est en effet dans le libre-échange entre le Canada et les États-Unis que le nouvel ordre global trouve le premier lieu de son déploiement. Il convient donc d’analyser de près la dynamique inaugurée par cet accord pour saisir, a contrario, ce que la pensée de l’immédiat après-guerre, derrière des apparats libéraux, peut encore proposer d’intéressant à tous ceux qui appellent de leurs vœux une mondialisation alternative.