En 1970, à la parution de La Dernière Heure et la Première, le Québec est en pleine ébullition intellectuelle et politique, les empêchements de l’ancien monde semblent évanouis, et pourtant Pierre Vadeboncoeur jette un regard sévère sur la situation de son peuple. La longue survivance des Canadiens français révèle moins un parcours de résistant qu’une dépossession politique continue qui ne prendra certainement pas fin avec le fédéralisme du Parti libéral du Canada. N’en déplaise à Pierre Elliott Trudeau, à qui cet essai est destiné, son antinationalisme ne fait que reproduire, à l’envers, le vieux nationalisme canadien-français qu’il dénonçait jadis dans Cité Libre. Dans un cas comme dans l’autre, le peuple est tenu à l’écart du pouvoir. Et c’est bien ce qui est au centre de cet essai : l’appropriation du pouvoir par le peuple. S’il offre une autre confirmation de la prose lumineuse de Pierre Vadeboncoeur, ce petit traité philosophique sur le néonationalisme et l’indépendantisme québécois n’a rien perdu de son actualité et de sa perspicacité.