C’est avec une œuvre troublante, aux accents céliniens, que Gil Courtemanche fait son entrée en littérature.
Un dimanche à la piscine à Kigali est d’abord un témoignage. Gil Courtemanche nous permet de comprendre exactement ce qui s’est passé au Rwanda, non seulement en ce fatidique mois d’avril 1994, mais depuis l’arrivée des coloniaux européens à la fin du XIXe siècle. Il montre à l’œuvre la force de la haine raciale, la pusillanimité des médias internationaux, l’hypocrisie des services diplomatiques. Il montre comment l’ignorance et la pauvreté contribuent à la diffusion d’une épidémie mortelle, mais aussi que la folie meurtrière des hommes est plus redoutable que n’importe quel virus.
Mais c’est un roman que Gil Courtemanche a écrit, et la littérature arrive à faire ce que le reportage ne pourra jamais: elle donne un visage humain aux bourreaux et aux victimes. Le romancier peut aussi chercher réponse à des questions qui sont hors de portée du journaliste: Comment peut-on vivre après avoir été le témoin d’une telle horreur? Comment peut-on rire et aimer? Comment ne pas succomber au désespoir? Et chacun de nous ne peut manquer de se sentir concerné, car nous sommes désormais les témoins obligés de toutes les horreurs qui sont commises sur la planète.
Au fond, comme toute œuvre littéraire digne de ce nom, Un dimanche à la piscine à Kigali pose la seule question qui compte: Comment mourir et comment vivre?
« Avec cet ouvrage, exceptionnel, douloureux pour l’esprit, accablant
pour l’espèce, vous aviez pénétré dans le pays des morts, partageant la
marche funèbre d’un homme blanc aimant par-dessus tout une femme noire
au cœur d’une Afrique rouge de sang. [...] Entrer dans ce livre, c’est
accéder à un univers où le jour ne se lève plus. »
Jean-Paul Dubois,
Le
Nouvel Observateur (Paris)
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