Elle s’appelle Madeleine. Elle s’appelait Manitakawa dans des temps plus anciens, au cœur d’un continent de neige.
Lui n’a pas de nom. Il s’appelait Fêve le Fou au milieu d’un désert d’Anatolie balafré par la guerre.
Un dimanche de novembre, elle l’aperçut sortant des eaux du Saint-Laurent ou de la cale d’un navire, sans bagages. Elle le ramène chez elle, là où peuvent quelquefois se cacher les sans-papiers du monde. Ainsi se trame leur double conte. Le Double Conte de l’exil.
Mona Latif Ghattas a su trouver les mots âpres et justes pour dire la rencontre d’une Québécoise d’origine amérindienne et d’un réfugié, qui n’ont pour identité que leur déracinement, dans ce populeux désert qui a pour nom Montréal.