Le soir du 26 mars 1998, Jean Charest, ancien ministre conservateur à Ottawa, annonçait qu’il rejoignait les rangs du Parti libéral du Québec : « Cette soirée me fait penser à la maison familiale. Lorsqu’on entre, on laisse à la porte nos autres préoccupations. On accroche nos manteaux, qu’ils soient bleus ou rouges. » La foule explosait. L’effet Charest.
Saut en avant. Le 10 mars 2022, à Calgary, Jean Charest, ancien premier ministre libéral à Québec, annonce qu’il sera candidat à la direction du Parti conservateur canadien. « Je vais vous livrer un gouvernement », promet-il aux militants. Ce qui pourrait ressembler à une volte-face n’est pourtant qu’un retour aux sources, à la tradition familiale des Charest, celle des « bleus » de Sherbrooke, où son père était une figure en vue et avait toujours imaginé son fils premier ministre du Canada.
Qui est Jean Charest ? Un libéral égaré chez les conservateurs ? Un conservateur qui a trouvé son vrai destin chez les libéraux ? Où est donc sa vraie maison ? À Ottawa ou à Québec ? Vingt-cinq ans plus tard, l’énigme Charest reste entière.
Il est des livres qui ne vieillissent pas, et c’est le cas de L’Énigme Charest, qui est d’abord paru en 1998. Ce n’est pas une biographie, mais le récit de la venue au monde d’une bête politique de premier plan. André Pratte propose ici une étude fascinante des années de formation de Jean Charest, il nous entraîne au cœur des jeux de coulisses qui ont mené le jeune avocat de Sherbrooke à incarner tour à tour, et simultanément, les plus grands espoirs des libéraux québécois et des conservateurs canadiens.