De la Conquête à l’élection du premier gouvernement de Maurice Duplessis en 1936, les hommes politiques du Québec – qu’ils aient été députés, ministres ou premiers ministres – ont utilisé la littérature. Pendant deux siècles, ils se sont présentés comme des gens de culture, souvent même comme des littérateurs. C’est un peu comme si leur capital culturel pouvait se transformer en capital politique. Comment percevaient-ils la littérature ? Comment ont-ils stigmatisé l’inculture et la maladresse littéraires de l’adversaire pour mieux l’attaquer politiquement ?
Jonathan Livernois s’intéresse à la représentation de la littérature dans le champ politique, à la fois comme objet de l’action gouvernementale, comme arme discursive, capital culturel et vecteur de fictions politiques. Il montre qu’au début du xxe siècle l’image de l’homme de lettres / homme d’État s’est délitée tandis que les politiciens se sont professionnalisés, ce qui n’a pas empêché la littérature, ou ses grands récits, de demeurer une arme politique subrepticement redoutable.
Des élections de 1792 au Catéchisme des électeurs de 1935, en passant par les identités plurielles de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, les prétentions littéraires d’Honoré Mercier et le populisme de Camillien Houde, ce livre renouvelle la compréhension que nous avons de l’histoire intellectuelle, politique et littéraire du Québec.