Un garçon au seuil de l’adolescence observe son père, peintre du dimanche, « peintraillon », comme il le dit de lui-même, jeter un bouquet de couleurs sur sa toile. Sous le regard émerveillé de l’enfant apparaît la feuillaison rouille d’un grand hêtre, celui-là même qu’il a aperçu l’autre jour à l’entrée de la grande baie, encerclé d’épinettes, une nuée de carouges tourbillonnants autour de son faîte. Mais pourquoi diable le hêtre qu’a peint son père lui semble-t-il plus conforme au souvenir qu’il a du bel arbre de la baie? Son grand hêtre, hanté d’oiseaux amoureux et portant mi-juillet sa chevelure d’octobre, s’il est plus vrai que vrai, n’est-ce donc pas parce qu’il a été réinventé par le peintre?
Robert Lalonde puise ici dans ses souvenirs d’enfance pour nous donner le plus poétique peut-être de ses livres en prose. Cette «scène primitive» dont il est témoin, ce corps-à-corps du père avec la toile et les couleurs, allume chez l’enfant un ardent désir de créer, mais qui pour lui s’exprimera par l’écriture.
Ce livre est une méditation sur les liens qui unissent peinture et écriture, couleurs et vocables, formes et récits, faisant défiler les figures de Cézanne et de Zola, de Van Gogh et de Gauguin, de Suzor-Coté, d’Arthur Villeneuve et de Marc-Aurèle Fortin. Il évoque les amis peintres, toujours prêts à ouvrir leur atelier au littérateur, qui en sort ébloui, et le travail silencieux et solitaire de l’écrivain, que menace et aiguillonne à la fois la peur de l’échec, la peur de ne pas se montrer à la hauteur de la vision.
Ce livre est avant tout un hymne à la création et aux créateurs, qui pour aller au bout de leur art doivent faire la guerre au doute, à l’à-quoi-bon, au babillage qui entoure trop souvent la création, mais qui ont pour devoir, pour passion, de faire leur joie, notre joie, en risquant tout pour mettre au monde une œuvre.
Ce que la presse en dit
« Il y a ici des descriptions absolument formidables sur le sentiment qu’on peut éprouver devant une peinture. C’est très, très touchant. Il décrit de façon vraiment remarquable. Un très, très joli petit bouquin. C’est un voyage. »
« Un récit très personnel merveilleusement bien écrit. Une plume très riche et imagée. »
Eugénie Lépine-Blondeau, Tout un matin / Ici Radio-Canada Première
« Déambulation libre construite en tableaux, on y ressent l’ambivalence de la création, où incertitude et confiance, élan et retenue, lumière et noirceur alternent leur emprise sur les artistes. Il en ressort un vibrant hommage à la peinture, où les mots deviennent autant de bouquets colorés qui texturent le récit et étourdissent nos sens. »
« Il embrasse la création habité par cette approche d’un nécessaire recommencement. »
« Je ne peux que vous recommander ce livre. C’est un hommage au père et aux artistes. C’est une façon d’observer, de sentir, de comprendre, de ressentir. Du grand Robert Lalonde. À lire! »
Madame lit / blogue