À l’aube de l’adolescence, Alexandra Szacka est chassée de son pays natal et forcée de renoncer à sa citoyenneté polonaise. Est-ce cela qui a fait d'elle une passeuse de frontières, toujours curieuse de comprendre ce qui a lieu à des milliers de kilomètres de chez elle ? On l’a balancée dans la gueule du loup. Elle a choisi d’apprivoiser la bête.
Elle raconte dans ce livre son arrivée à Trois-Rivières, à la fin des années 1960. Sa découverte de la grise banlieue nord-américaine, mais aussi le militantisme, le théâtre, l’anthropologie et le combat du Québec pour l’affirmation de sa langue et de sa culture. Avant bien sûr la rencontre avec le journalisme, qui allait tout changer. S’amorce alors une carrière qui la mènera chez les planteurs de coca boliviens, sur la place Tian’anmen envahie par les manifestants, au coeur de la guerre russo-géorgienne ou encore en Pologne, où se réveille la douloureuse mémoire de l’antisémitisme.
Derrière chaque reportage, il y a toujours un supplément d’âme, une histoire qu’on n’a pas pu raconter, mais qui éclaire et ajoute un fil invisible au canevas des vies qui y ont été à peine effleurées. C’est ce fil invisible qu’Alexandra Szacka fait dérouler ici pour nous.
Elle soulève d’importantes questions liées à l’exercice de ce métier, comme l’objectivité ou le devoir moral envers les personnes interviewées. Les journalistes doivent prendre des décisions rapidement, parfois sans repères ni balises. Pourtant, ces décisions ont un effet non seulement sur le résultat de leur travail, mais aussi sur leur propre vie. Car les journalistes, elle en est aujourd’hui persuadée, ne racontent pas seulement le monde, mais se racontent toujours un peu eux-mêmes.