Depuis plus de quarante ans, Denys Arcand poursuit une oeuvre de cinéaste qui se distingue comme l’une des plus fortes et des plus originales de la cinématographie contemporaine. Même si c’est à la conception de cette oeuvre qu’il a consacré l’essentiel de son travail d’écriture et de réflexion, il n’a jamais cessé pour autant, dans les marges de son activité de cinéaste, de publier çà et là des écrits de diverse nature, tantôt pour s’expliquer, tantôt pour intervenir dans la vie publique, tantôt encore pour évoquer des êtres ou des faits qui l’ont marqué. Cela va des articles militants de la revue Parti pris, au début des années 1960, jusqu’aux discours plus ou moins officiels provoqués par la consécration des dernières années, en passant par une étude historiographique sur la Rébellion de 1837, un commentaire de film sur la découverte de l’Amérique, des considérations sur les rapports du cinéma avec l’histoire et la littérature, des souvenirs de Cannes, un éloge de la « rigueur du sport » ou des propos mi-affectueux mi-amers sur le métier de cinéaste. Une fois réunis en volume, ces écrits de circonstance, rédigés le plus souvent pour répondre à une demande précise, font apparaître, par-delà la variété de leurs thèmes, la continuité d’une pensée, d’une sensibilité, d’un style, c’est-à-dire d’une voix éminemment personnelle et précieuse. C’est ce qu’on peut appeler la voix « hors champ» de Denys Arcand.