Maurice Séguin a exercé une profonde influence sur plusieurs générations d’historiens et de figures publiques. Il a pourtant laissé peu de témoignages écrits de sa pensée, ce qui fait tout le prix de cette Idée d’indépendance au Québec, qui est bel et bien, au même titre que Refus global ou Speak White, un « texte-événement ».
Paru à l’origine en 1968, basé sur une conférence prononcée en 1962, ce livre montrait que la volonté d’indépendance avait des racines profondes, que dès 1760 un peuple avait aspiré à la liberté. L’émancipation politique n’avait donc rien d’une revendication soudaine d’enfants gâtés et turbulents. Ce passage par l’histoire donnait une légitimité nouvelle à cette cause, encore confinée aux marges.
Relire Maurice Séguin, soixante ans plus tard, alors que selon certains les Québécois seraient « ailleurs » et auraient abandonné leur grande aspiration à la liberté politique, c’est constater que, malgré les réformes salvatrices de la Révolution tranquille, les données de base de la question du Québec n’ont pas fondamentalement changé.