Infatigable bâtisseur, qui a laissé à Montréal un héritage architectural de tout premier plan, politique d’une habileté remarquable, leader spirituel qui a marqué toute une société, Ignace Bourget est un géant qui domine son siècle.
Pourtant, l’évêque Ignace Bourget de Montréal (1840-1876) a longtemps fait l’objet de critiques très dures. On lui a reproché son autoritarisme, son étroitesse d’esprit, sa mesquinerie et son attachement à une idéologie carrément réactionnaire, renfermée sur elle-même et nettement pernicieuse. Bourget est devenu une figure caricaturale, honnie et ridiculisée par ses détracteurs.
Ce n’est pas seulement le personnage qui est visé, mais également son époque. En effet, un large consensus s’est formé au Québec depuis la Seconde Guerre mondiale concernant le siècle précédent, que le sociologue Marcel Rioux a qualifié de notre « Moyen Âge » .
L’heure est maintenant venue de réexaminer le rôle culturel et politique qu’ont joué l’évêque et son Église à l’époque de l’Union et de la Confédération. Roberto Perin refuse de reprocher à Ignace Bourget d’être un homme de son temps plutôt que du nôtre. Il montre plutôt comment l’évêque exprime les aspirations d’une collectivité, comment il est une figure centrale dans l’histoire du Québec moderne, assurant le lien entre l’âge des patriotes et celui de la Révolution tranquille.