ÉPUISÉ
Beatniken habit, séducteur notoire qui vit en ermite, chanteur sans voix, juif pratiquant et moine zen, Leonard Cohen n’en est pas à une contradiction près. Voilà plus de quarante ans qu’il mène une carrière internationale de chanteur folk, en même temps qu’il porte l’honneur redoutable d’être reconnu comme le « plus important poète canadien de sa génération ». Mais de l’homme, on sait peu de choses, quelques confidences glanées au fil des chansons.
Ira Nadel a suivi ses pas de Montréal jusqu’à Los Angeles, en passant par La Havane, New York (évoquant au passage l’hôtel Chelsea des années 60, Bob Dylan, Janis Joplin, Joan Baez, Allen Ginsberg), Nashville et l’île grecque d’Hydra. Nous assistons ainsi à l’élaboration d’une série de livres singuliers et de disques étonnants. Nous apprenons comment Cohen arrive à marier sa foi dans le judaïsme avec sa pratique du zen. Nous le suivons dans son exploration de cultures alternatives (drogue et mysticisme y compris). Nous le voyons au travail avec d’autres musiciens ou d’autres chanteurs. Enfin, nous en apprenons davantage sur ses relations tourmentées avec les femmes et ses graves crises de dépression.
Riche en détails et en intuitions, le travail d’Ira Nadel nous permet de mesurer la profondeur et l’intensité qui ont toujours marqué l’oeuvre de Cohen. Il s’en dégage le portrait d’un artiste et d’un homme exigeant, audacieux, dont la popularité et l’audience ne cessent de croître auprès des nouvelles générations.
L’homme zen n’a pas d’attache. Tout est transitoire. La vie de Leonard Cohen ? « Ses vies » serait plus juste.