À son attrait pour les chiffres, l’auteur succombe en menant à fond (perdu) comptes et décomptes des données superflues que l’être humain peut établir, de manies compilatrices en comptabilités inutilisables. Il assume son délire jusqu’à considérer qu’édifier un muret de bûches procure un plaisir équivalent à celui de construire un ouvrage d’art et jusqu’à s’étonner, lui qui tient ses « éphémérides de bouche », notant scrupuleusement où et avec qui il prend chacun de ses repas, que l’on ne connaisse pas en détail le menu de la Cène. Nabokov disait que « l’imagination n’est fertile que lorsqu’elle est futile ». Ici, elle fertilise follement. L’auteur, scientifique et philosophe, évoque la Terre, le climat, le temps, la vie, et se fait le conteur des compteurs, le recenseur de notre monde.