Cette Chercheuse est moderne, se dit Lourdes, qui sentait que sa passion pour la littérature mal vieillie lui laissait un héritage handicapant — d’abord le goût de l’allégorie et des mots bizarres, ensuite cette fascination injustifiable pour la charogne, le pou, la tortue et la femelle du requin, enfin trop peu de compassion pour les pauvres âmes atteintes d’optimisme. Elle tentait de vivre dans la peau d’un cadavre depuis longtemps pourri. Le XIXe avait le sang de la révolution dans les veines, le XXe avait le fer de l’industrie dans le cœur, le XXIe avait les déchets des médias dans le cerveau. Alors quoi ? Lourdes devait upcycler ces ordures. Ensoleiller le dépotoir mental était sa mission !
Fraîchement arrivée du Nouveau Monde, Lourdes débarque à l’Université de T…, en Europe. Elle ne pouvait concevoir refuge plus inspirant, car c’est dans cette ville et nulle part ailleurs que Razuvaeva a écrit, donc vécu, sa révolution poétique. Moi aussi, se dit Lourdes, je suis venue ici pour me révolutionner, voyager à travers les mystères et vaincre la morfondeur !
Au Laboratoire du Néo-Moi Féminisant, elle tiendra buffet comme à l’époque on tenait salon. Elle y offrira une variété de grignotines et de livres savants. Sa mission est simple, elle n’aura qu’à lier le faste à l’érudition, la volupté au nécessaire, et le symposium sur La Force féminine de Razuvaeva sera une réussite.
« Catherine Lemieux offre une réflexion faussement cynique sur les pièges où l’on s’enferme volontairement et un plaidoyer original et percutant pour la liberté de pensée. »
« Satire audacieuse et délirante des études littéraires, le deuxième roman de Catherine Lemieux manie délicieusement l’art de l’ironie malicieuse et du sarcasme astringent tout en portant un propos pertinent et ravageur sur la culture de notre époque. »