Marie-Claire Blais s’inscrit dans la grande tradition de Virginia Woolf et de William Faulkner, poussant à leurs extrêmes limites les innovations qui avaient fait éclater la forme romanesque au siècle dernier. Le monologue intérieur, chez elle, ne sert plus seulement à traduire chaque nuance, si infime soit-elle, de la conscience des personnages. Il franchit ici les limites des individualités pour se transformer en un vaste concert de l’humanité en proie au plaisir ou à la souffrance. La tragédie humaine, comme elle peut l’être vécue dans le Sud des États-Unis, avec ses tensions raciales et son désir d’échapper aux malédictions de l’histoire, devient ici emblématique de la société de demain, des espoirs et des conflits qui rythment la vie des humains partout sur la planète.
Nous retrouvons ici les personnages que Marie-Claire Blais nous a fait connaître dans ses plus récents romans de la série inaugurée avec Soifs (Boréal, 1995). À la différence des précédents titres, où le monde était une vaste arène où s’affrontaient le bien et le mal, ce combat maintenant se déroule au plus intime de chacun des êtres. Comme seuls les très grands artistes arrivent à le faire, Marie-Claire Blais montre comment l’ombre est indissociable de la lumière, la vie de la mort. Comment, à chaque naissance, c’est le sort du monde qui se joue encore une fois.
L’écriture acquiert également un rythme nouveau, bondissant, électrisant. Tout est musique, tout est danse, pour traduire l’inépuisable jaillissement de la vie. Un rythme irrésistible, comme un coeur qui bat, le coeur du monde.
Par son audace formelle, par son intransigeance, par son emprise sur la réalité la plus contemporaine, cette romancière discrète, qui poursuit avec entêtement une oeuvre sans compromis depuis un demi-siècle, est peut-être, au fond, la plus jeune parmi les écrivains québécois.
Ce que la presse en dit
« Le passage fluide d'un narrateur à l'autre crée un tissu humain aux mille visages, une filiation universelle, clé de voûte de cet édifice romanesque. » Elsa Pépin, La Presse
« Se rapprocher des gens, les entendre, les dire, écrire une planète que l'on connaît, où l'on se retrouve, de gré ou de force, la décrire malgré son extrême complexité, c'est la mission qu'elle s'est donnée, et qu'elle accomplit du sommet de son art. Un art inimitable et particulier au service du monde. » Caroline Montpetit, Le Devoir
« C’est absolument fascinant. C’est fabuleux techniquement. C’est une entreprise littéraire extrêmement bien contrôlée. C’est majeur. » Robert Lévesque, Radio-Canada
« On est dans un univers littéraire hors de l'ordinaire. On a cette sensation d'être aspiré par plus grand que soit. » Danielle Laurin, Le Devoir
« Nous avons affaire ici à une langue précise, tournoyante, fluide tout en ne fuyant pas les rugosités. Un grand roman loin de cette pseudo-littérature contaminée par le téléroman et
le cinéma cool, un roman baroque qui descend loin dans l’âme furieuse d’une époque tout aussi furieuse, enfiévrée. » Jean-Philippe Bergeron, Ici
« Une œuvre d’une importance magistrale entreprise en 1995. Le rythme est là dans une écriture fluide, une longue phrase où les points, les paragraphes sont inexistants. Marie- Claire Blais donne entièrement la parole à des hommes et des femmes aussi grands que nature. » Manon Guilbert, Journal de Montréal
« De la beauté pure. » Monique Roy, Châtelaine
« Si la lecture commande une attention de tous les instants, la précision du trait y confère une étonnante fluidité. Voilà de la grande littérature, de celle qui embrasse la Terre entière et ceux qui grouillent à sa surface, leurs espoirs comme leurs douleurs, leurs envols comme leurs chutes. » Tristan Malavoy, Voir