La plupart des gens se souviennent avec précision de l’endroit où ils étaient le jour où John Kennedy a été assassiné. Ou bien des personnes avec qui ils se trouvaient lorsque Neil Armstrong a marché sur la Lune. Moi, je me rappelle le doux samedi soir de printemps où, au Park Avenue Billiards, j’ai, en une seule présence inspirée à la table, empoché toutes les billes de couleur sur le tapis vert.
Dans ce petit guide qui n’en est pas vraiment un, Mordecai Richler nous entraîne dans un périple haut-en-couleur à travers l’histoire de ce sport, qui est au billard ce que les échecs sont aux dames. Du portrait de grands joueurs aux frasques de bad boys, en passant par le récit haletant des championnats du monde, Richler met à profit sa verve et sa ferveur pour livrer un petit bijou de journalisme sportif. Surtout, il trace sur le tapis vert la trajectoire de sa propre vie, lui le boychick de la rue Saint-Urbain qui a fini par épouser une shiksa trop belle pour lui et mener grand train de Montréal à Londres.
Ce Petit guide du snooker ravira ceux et celles qui ont envie de lire la vie de Mordecai comme un roman de Richler. Il offre, en prime, une fascinante méditation sur la place du sport dans le roman nord-américain et le plus bel hymne à la gloire des Canadiens de Montréal de toute la littérature québécoise.
Comme John Updike au golf et Norman Mailer à la boxe, on associera désormais Richler au snooker.
The Observer