Juste avant les premières lueurs de l’aube, dans une petite ville du sud des États-Unis, le vieux Grégoire, usé par la misère, l’alcool et les drogues, apostrophe violemment un policier, lui crachant au visage toutes les injustices que ses ancêtres ont subies aux mains des Blancs dans le passé. Le policier n’a qu’une envie, le capturer et l’emmener finir sa nuit en prison. De quel droit ce Noir ose-t-il s’en prendre à lui ? Après tout, n’est-il pas le représentant de l’ordre, auquel doivent se soumettre tous les citoyens de ce pays ? C’est alors que s’interpose Petites Cendres, le travesti. Il couvre le vieil homme de son corps, comme un bouclier, tandis qu’il voit la main du policier serrer la crosse de son revolver. Il se dit que ce dernier n’osera jamais tirer ainsi sur un vieillard sans défense. Mais en est-il si certain ?
Pendant que se joue ce drame, répétition inlassable d’une guerre vieille comme l’Amérique, la nuit bouge, animée par une vaste galerie de personnages. Ils sont tous captifs, soit de leurs désirs, soit de leur passé, soit de la violence qui les ronge, ou encore de leur corps, comme Lou et Philli, cette jeune femme et ce jeune homme qui veulent changer de sexe puis se marier ensemble, et que le soleil levant trouve endormis, enlacés, devant l’océan.
Ce que la presse en dit
« Un univers poétique et maîtrisé qui appartient totalement, entièrement à Marie-Claire Blais. J’ai lu ça comme on lit de la poésie, comme du slam. Il y a du rythme. Marie-Claire Blais, c’est notre Patti Smith à nous. »
« Dans ce sinistre portrait d’une Amérique à la dérive, figée dans la méfiance et l’intolérance, Marie-Claire Blais parvient à faire cohabiter l’horreur et l’espoir, rappelant que l’amour et la solidarité seront toujours souverains devant la méfiance et l’ignorance, et que cette lutte douloureuse qu’on appelle la vie en vaut le coup pour les éclairs foudroyants de beauté qui la traversent.»
« Elle rend aussi un beau témoignage aux prostitués trans, à la communauté noire et aux marginaux en général depuis toujours. C’est un combat de dignité. La plume devient une épée. Elle écrit comme si le sang coulait parfois... Et si je vous disais: une écriture qui s’inscrit dans le temps d’un autre Temps ? »
« À mon grand désarrois, c’était la première fois que je la lisais. Je vais lire toute son œuvre. C’est un style ! C’est d’une richesse incroyable. Quel temps que j’ai perdu à ne pas lire Marie-Claire Blais. »
« À travers les échanges corsés entre un itinérant noir usé par la misère et les drogues, un policier blanc et un travesti, elle étale tout le racisme et les inégalités sociales qui assombrissent le monde. »