« C’est mon anniversaire demain au milieu des écueils naissants de ma nouvelle vie amoureuse. Assis dans mon salon, au beau milieu de cette vague d’optimisme et en attendant l’inévitable asphyxie, je suis à la veille d’avoir trente-neuf ans, et, ce soir, j’ai eu une manière d’épiphanie de début de fin de vie.
« Je suis d’une génération qui n’a pas su prendre sa place, et qui laisse la sienne quand il en a une. Pas à dire, pour ceux et celles qui sont nés après la mort de Kennedy et avant la première crise du pétrole, on ne peut pas parler d’un groupe qui passera à l’histoire. Ma génération. La X.
Celle qui a aussi fabriqué les pires enfants du monde. »
Ce premier récit de Fred Dompierre est marqué au sceau de la lucidité contagieuse. Faut-il en rejeter la faute au syndrome de la Tourette, dont, paraît-il, souffre le protagoniste ? Toujours est-il qu’il a une extraordinaire propension à appeler un chat un chat.
Portrait d’une génération, portrait, surtout, d’une conscience tourmentée, ballottée entre les affres de la dépression et la révolte bruyante, ne pouvant résister aux sirènes du sexe et de l’alcool, bercée parfois par les mirages de l’amour, Presque 39 ans, bientôt 100, nous fait sourire, nous émeut, nous charme irrésistiblement.