Les développements de la biologie depuis un demi-siècle ont modifié en profondeur notre façon de penser l’être humain. Au cœur de cette révolution, le gène occupe désormais une place centrale. Quotidiennement ou presque, les médias nous apprennent que le décryptage de tel ou tel gène annonce la victoire sur un nombre croissant de maladies. L’industrie pharmaceutique, aux premières loges dans cette nouvelle façon d’approcher la maladie, connaît un essor fulgurant. Plus largement, l’ensemble des bio-industries, nouveau fleuron de l’économie mondiale, suscite l’envie de nombreux gouvernements, qui voient là de formidables perspectives de développement économique.
Gilles Bibeau brosse dans Le Québec transgénique un tableau d’ensemble inquiétant de l’industrie du gène. À la lecture de son voyage au cœur de la génoprotéonomique, on découvre que le Québec et le Canada sont en train de se transformer en valets des bio-industries. Un immense complexe se constitue ainsi, grâce à l’argent des contribuables, sans que n’ait lieu de véritable débat. Les risques de dérive vers une certaine façon de penser et de pratiquer la biologie sont pourtant nombreux, et à cet égard il n’est pas certain que les discours bio-éthiques soient à la hauteur des dangers qui menacent.
Gilles Bibeau propose un premier portrait global de l’industrie québécoise du gène. Mais il nous accompagne d’abord dans le monde de l’infiniment petit, pour nous faire comprendre de l’intérieur des enjeux qui ne manqueront pas d’affecter notre vie quotidienne. Un voyage troublant, mais essentiel.