La nuit, ce ne sont pas les chaleurs qui me réveillent, mais la honte, et cela dure depuis des mois. Le plus dur, c’est que je sais qu’elle est là depuis longtemps. Je l’ai combattue. Il y avait en moi quelque chose de vague, une sorte de malaise. Je le savais, mais je compensais par le calme apparent, les vêtements bien coupés, même la langue que je parlais. Dans cet autobus, assise seule derrière le banc du chauffeur comme toutes les vieilles dames, je me rends compte que je n’ai plus la force de lutter contre ma honte ni celle de lutter contre ma haine.
Les cinq nouvelles qui composent ce recueil constituent autant de variations sur une poignée de motifs : la vieillesse, la rupture amoureuse, la perspective de la mort, chaque fois vécues et profondément ressenties par des femmes. Cet implacable exercice de lucidité agit à la manière d’un exorcisme et débouche, de façon aussi certaine qu’inattendue, sur un profond sentiment de libération, sur une inaltérable sérénité.
Ce que la presse en dit
« Lise Tremblay sait rendre avec justesse le goût âcre de l’engourdissement, de l’errance, des repères perdus, de l’ennui, de l’usure qui s’installe. L’autrice, à l’image de ces amitiés – piliers quand tout s’écroule – qui jonchent chaque nouvelle de ce livre, agit comme une rédemptrice, offre un espace de nécessaire libération pour toutes ces femmes quittées ou désillusionnées, un lieu pour maîtriser la dérive. »
« Lise Tremblay a très bien su décrire, sans pathos exagéré, la vie intérieure et quotidienne des femmes blessées, mais combattives. L’écrivaine a créé des histoires à la mesure des drames qu’elles évoquent, lesquels s’apaisent au fur et à mesure que le temps en cicatrise les blessures. »
Jean-François Crépeau, Le Canada français