Dans la communauté des Inuit de l’Ungava, où se sont implantés depuis peu les premiers Blancs, un drame se joue : celui de la confrontation entre les valeurs traditionnelles d’une civilisation millénaire et la culture nouvelle qu’apportent avec eux les gens venus du Sud. Cette confrontation donne lieu tantôt à des juxtapositions cocasses, comme dans deux des « Nouvelles esquimaudes » par lesquelles s’ouvre le livre, tantôt à des déchirements qui remettent en question toute la vie, toute l’identité de l’être en qui se heurtent les deux mondes. C’est le cas de Deborah, dans « Les satellites », qui ne sait plus trop comment il convient de mourir. Et c’est le cas surtout d’Elsa, l’héroïne du roman, mère d’un enfant qui, par son existence même, incarne à la fois le choc des deux civilisations et leur dialogue, c’est-à-dire l’équilibre fragile, peut-être impossible, entre les exigences de chacune : d’un côté, la fidélité et l’harmonie, de l’autre, l’appel du désir individuel et du progrès. Tableau des tensions qui traversent les sociétés autochtones dans leur contact avec le monde moderne, La Rivière sans repos est aussi le roman de toute existence humaine déchirée entre la nécessité de l’appartenance et celle de la liberté.
Ce roman, le sixième de Gabrielle Roy, a été publié pour la première fois à Montréal en 1970 et à Paris deux ans plus tard. Sa traduction anglaise a également paru à Toronto en 1970.
Cette nouvelle édition présente le texte définitif de La Rivière sans repos, revu et corrigé, suivi d’une chronologie et d’une brève notice.
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