Qu’il emprunte le rôle de l’automobiliste, du jardinier, du voyageur plus ou moins égaré, de l’amateur de rêves, qu’il se voie en fils ou en père, qu’il rie ou qu’il pleure, le narrateur des textes ici rassemblés garde partout la même ironie et la même candeur, le même souci de saisir au plus près la joie et l’angoisse qu’apporte le simple fait d’être, d’écrire, de penser. « Homme du quotidien je demeure, écrit-il, attentif à ne pas saccager mes contradictions, et naïf dans la désillusion. » Illustrant par excellence l’art à la fois intime et amical de la « chronique », ces textes sont écrits au plus près de l’expérience vécue ou remémorée, et en même temps s’adressent au lecteur comme à un confident de toujours. Il y est question de la nature, de la mort, de la mélancolie, de l’amour, du taoïsme, mais aussi de la télévision, de la nuit, et même des bretelles d’un vieil oncle disparu. Il y est question de la pensée la plus haute, mais aussi de la sensibilité la plus vive. Il y est question, en un mot, de chacun de nous, de cela qui en nous vibre et attend, qui se parle à soi-même tout en ayant besoin de parler aux autres. La poésie comme art de vivre. La vie comme milieu de la vraie poésie.