Que d’énergie et de salive dépensées autour de la question linguistique au Canada ! Après la commission Laurendeau-Dunton, après la Loi sur le bilinguisme officiel de 1969, après toutes ces heures passées en classe à lutter corps à corps avec l’autre langue officielle, nous attendons toujours l’avènement du bilinguisme au Canada pour la prochaine génération.
Les universités du Canada anglais traitent encore le français comme une langue étrangère, au même titre que l’espagnol ou l’anglais. Il est impossible de trouver une enseigne commerciale en français à Ottawa dès que l’on quitte la colline du Parlement. Un acteur québécois qui reçoit en français un trophée au gala des Génies fait encore froncer les sourcils de la presse torontoise, tandis que les films et les livres canadiens sont mieux reçus à l’étranger que par le public local qui parle l’autre langue officielle.
Au-delà des bons sentiments et des voeux pieux, Graham Fraser trace un portrait sévère de la situation linguistique du Canada. Le nouveau commissaire aux langues officielles fait montre de sa profonde connaissance du sujet en analysant les raisons pour lesquelles le bilinguisme, en dépit de tous les efforts investis, a si peu progressé, que cela touche le trafic aérien ou les possibilités d’avancement pour les Québécois francophones dans l’armée, ou encore la vie quotidienne à Ottawa ou à Montréal.
En chemin, il nous annonce toutefois quelques bonnes nouvelles et il tord le cou à certaines idées reçues. Par exemple, il nous apprend que 67 % des Québécois anglophones maîtrisent aujourd’hui le français, et que d’envoyer ses enfants à l’école française est hautement
fashionable au sein de la communauté chinoise de Vancouver.
Grâce à ce livre choc sur un sujet qui éveille autant les passions que l’aveuglement, Graham Fraser nous invite à poser un regard lucide sur la question linguistique, qui a tant d’influence sur la définition même du Canada et sur la couleur de notre quotidien.
« Une radioscopie étonnante de la situation linguistique au Canada faite par un ex-journaliste anglophone passionné par la langue française... »
Elias Levy -
VoirPour lire l’entrevue« Cette thèse lucide et parfois sévère de M. Fraser est admirablement présentée. Il s'agit d'un véritable tour de force historique et de réflexion. »
Gilles Toupin –
La PressePour lire l’entrevuePour écouter la critique de Paul Ouellet à Radio-Canada/Retour sur le monde (à 4:10)Pour lire l’entrevue de L'Actualité