Le temps d’un été suspendu, deux enseignants de deux générations différentes échangent des lettres au sujet du roman québécois contemporain. L’ironie tient ici le rôle de la balle que, de revers croisés en cruels amortis, ils se renvoient au gré des missives. Véritable basse continue de la fiction depuis la lointaine Révolution tranquille, l’ironie, aujourd’hui, ne rebondit toutefois pas de la même façon qu’à l’âge dit de la parole. Le référent national émoussé, la surprise d’exister enfuie, cette ironie apparemment libérée cache, selon l’un des épistoliers, une blessure difficile à nommer et relève, selon l’autre, d’un inconfort flou bloquant, faute de drame, l’effort de prendre le monde au sérieux, de sortir du bocal.