Shimun attend que le vent se calme pour que l’avion nous emporte dans le territoire. Nous avons acheté des provisions de nourriture pour tenir au moins deux mois dans le bois. On m’a offert une paire de raquettes tressées de lanières de babiche. Maniten m’a tricoté des chaussettes de laine et confectionné un chapeau en fourrure de lièvre arctique. Nuenau me prête l’une de ses paires de mocassins montants qu’elle enfonce dans mon sac avec ces mots : «Tu ne peux pas savoir comme on est bien dans Nutshimit. On marche, on pagaie, on admire le lac, les montagnes, on chasse, on coupe notre bois, on n’arrête pas un instant. Le visage de Shimun s’illumine. Ce n’est plus le même homme. Il faut que tu viennes avec nous pour comprendre.— La forêt, c’est la maison de notre père», ajoute Penassin.
Une jeune femme née près de la mer suit obstinément la route vers le nord. Elle ne consentira à s’arrêter qu’à Ekuanitshit, où elle fera la connaissance de Penassin et de Nuenau, les deux sœurs, et de Shimun, leur père. L’automne venu, Shimun invitera la jeune femme à parcourir avec lui Nutshimit, au cœur de la péninsule Québec-Labrador. Laure Morali fait ici la bouleversante chronique d’une rencontre avec un territoire, avec un peuple, avec un homme.
« Dans une langue qui emprunte sa poésie aux paysages que son autrice traverse, ce récit recèle donc une double leçon de générosité, en ce qu’il met en lumière le sens de l’accueil des Innus, mais aussi en ce qu’il témoigne de la gratitude infinie de Laure Morali pour celles et ceux qui l’ont révélée à elle-même.»
« Un texte qui fait du bien, qui nous branche sur le réel, les arbres, la neige et la glace, le vent qui décide de tout dans ces espaces où l’air devient quasi palpable les jours de froids terribles.»
« Ce récit constitue un beau prétexte pour se poser et un magnifique hommage aux Autochtones. »