« La culture, c’est de gagner en liberté et de perdre en arbitraire. L’inculture, c’est de gagner en licence et en arbitraire. » Non seulement ces deux courtes phrases résument l’objet de ces essais sur l’insignifiance, mais elles expriment aussi une préoccupation constante dans l’oeuvre de Pierre Vadeboncoeur. Méditant sur l’état de la culture en s’appuyant ici sur des œuvres d’art et de littérature emblématiques, l’essayiste voit dans le culte de l’immédiateté une manifestation éclatante de l’inculture. En rupture avec l’héritage européen, le « nouvel homme » américain est collé au réel, obsédé par son bien-être, impatient de convertir la moindre angoisse ou injustice en cause militante. Le Québec n’est pas à l’abri du décervelage de la culture de masse, comme en témoigne la Lettre à la France. Parus au début des années 1980, ces essais sont une contribution importante aux diagnostics de crise de la culture qui se multiplient à l’époque. Ils préfigurent également l’oeuvre tardive de Pierre Vadeboncoeur, où affleure une inquiétude pour « l’humanité improvisée ».