La Révolution tranquille a vu une mutation de l’identité chez ceux qui, en tournant le dos à la vieille identité canadienne-française, allaient dorénavant se désigner comme Québécois. C’est plus exactement à la politisation du sujet canadien-français que nous avons assisté. À partir de là s’ouvraient de nouvelles perspectives émancipatrices, pour lesquelles la souveraineté représentait un genre d’achèvement. S’il importe aujourd’hui encore de se porter à la défense de la Révolution tranquille, c’est que l’étiolement de la figure de ce sujet politique dans le Québec d’aujourd’hui fait craindre la dépolitisation de l’identité québécoise et, à terme, la folklorisation du Québec français.
À ceux qui en appellent à un retour au Canada français, Jacques Beauchemin rappelle le caractère apolitique d’une identité canadienne-française qui s’était retranchée dans les limites de la culture. Cette volonté romantique de renouer avec cette vieille identité, au moment où, selon certains, s’éloigne la perspective de la souveraineté, est portée par le désir de retrouver les racines profondes de l’identité collective, mais ce retour aux sources s’effectue au détriment du projet qu’avait dessiné la Révolution tranquille. Pourtant, le sentiment d’origines communes et une histoire longtemps partagée ne doivent pas nous faire oublier que l’aboutissement du destin politique du Québec ne peut résulter que de l’action du sujet politique québécois.
Lucide quant à l’état de la conscience historique québécoise, Jacques Beauchemin persiste néanmoins à vouloir faire vivre en Amérique une société originale dont le destin politique n’est pas achevé.
« C’est remarquable ! »
« Un livre vraiment intéressant. »
« Jacques Beauchemin effleure ce qu’autrefois on nommait l’âme des Québécois. Sa réflexion va au-delà de la question du politique. Un état d’être qui mine l’esprit et fait perdre peut-être contact avec une certaine réalité. Chose certaine, il semble que pas un parti politique n’a trouvé la manière de concrétiser le pays, ce que la logique esquisse depuis des décennies. »
« Mais le sentiment de défaite perdure encore et toujours, déplore Beauchemin, surtout depuis la défaite référendaire de 1995. Avec, comme conséquence, la dépolitisation de nos rêves de souveraineté, c’est-à-dire le délaissement de nos idéaux politiques nés avec la Révolution tranquille. »