Le français, celui que parlait la communauté franco-américaine de Lowell, au Massachusetts, était la langue maternelle de Jack Kerouac. C’est la langue qu’il a parlée exclusivement jusqu’à l’âge de six ans, et celle qu’il a parlée toute sa vie, chez lui, avec sa mère, née Gabrielle-Ange Lévesque à St-Pacôme.
C’est donc tout naturellement que Jack Kerouac a écrit plusieurs textes en français, tout au long de sa carrière d’écrivain, même après qu’il fut devenu un auteur phare de la littérature américaine. Toutefois, aucun de ces textes n’avait été publié à ce jour, sauf quelques brefs passages qui figurent dans ses romans en anglais.
Le recueil intitulé La vie est d’hommage, expression tirée d’une phrase que Kerouac emploie dans son roman Visions of Cody, comprend une novella complète, Sur le chemin (qui est différente de On the Road), un long début de roman intitulé La nuit est ma femme ainsi que des sections importantes de Maggie Cassidy et de Satori in Paris, dont le premier jet a été écrit en français. Y figure également un début de On the Road rédigé en français.
Ces textes sont établis et présentés par Jean-Christophe Cloutier, professeur adjoint de littérature anglaise à la University of Pennsylvania. Ce dernier est également responsable de la traduction en anglais de Sur le chemin et de La nuit est ma femme pour la prestigieuse Library of America.
Il est fascinant de voir comment, dix ans avant l’éclosion du joual au Québec, au début des années 1960, Jack Kerouac a donné une incarnation écrite à la langue populaire des francophones d’Amérique du Nord. Ces textes révéleront aux lecteurs de Kerouac des pans inédits de La Légende de Duluoz, la vaste trame narrative à l’intérieur de laquelle il a inscrit tous ses romans. Surtout, ils permettront de découvrir l’extraordinaire sensibilité de Kerouac quand il écrivait dans sa langue maternelle, celle qui lui permettait d’exprimer de la manière la plus juste sa situation de déraciné dans une Amérique où il était impossible de vivre et d’écrire dans une autre langue que l’anglais.
« La vie est d’hommage vient jeter une lumière nouvelle sur l’œuvre de Kerouac, sur ses aspirations artistiques et sa volonté de "continenter", comme il l’écrit lui-même. Une quête de liberté qu’il exprime dans son français bâtard, à travers l’oralité et la polyphonie d’une prose influencée par le jazz et la poésie. Et cela, une dizaine d’années avant l’éclosion du joual au Québec.»
Christian Desmeules,
Le Devoir
« Il a quelque chose de très excitant à parcourir des textes inédits d'un auteur tel que Kerouac et de surcroît, dans un joual d'avant l'heure. Bien que je ne sois pas l’ombre d’une spécialiste de Kerouac, ce fut un réel plaisir que de me laisser porter par sa langue colorée porteuse, il me semble, d'une certaine identité québécoise émergente. »
Chantal Fontainel (librairie Moderne),
Les Libraires
« Jean-Christophe Cloutier nous fait découvrir dans
La vie est d’hommage que ce joual "franglisé", écrit volontairement au son, combiné aux accents du jazz, au parler afro-américain et à l’influence de la langue verte de Céline, est à l’origine de sa révolution littéraire en sol américain. »
Odile Tremblay,
Le Devoir
« La vie est d’hommage est composé d’inédits particulièrement émouvants pour le lecteur québécois, où se dévoile un Kerouac méconnu. Le plus fascinant est de voir comment Kerouac manie cette langue, qu’il écrit phonétiquement, au plus près de sa musicalité, et cela bien avant que le Québec ne se réclame du joual au théâtre.»
Chantal Guy,
La Presse +
« Déroutants et touchants à la fois, ces manuscrits montrent comment l’œuvre de Kerouac "continente", selon sa propre expression, comment elle dépasse les frontières pour explorer une terre polyphonique. »
Marc-Olivier Bherer,
Le Monde
« Un ouvrage très, très intéressant. »
Mélanye Boissonnault,
Radio-Canada
« La plume canadienne-française de Kerouac est un savoureux mélange de déracinements, de questionnements identitaires et langagiers, de récits de vie, de voyages et de rencontres, le tout entrecoupé par une profonde tristesse mélancolique. {…]
Il va sans dire, Jean-Louis Kérouac est un grand écrivain américain qui était fièrement porté par ses origines franco-canadiennes. Nous pouvons donc clamer haut et fort que Jack Kerouac fait partie de notre chemin culturel collectif… et on peut maintenant le lire en français!» Marie Lévesque,
Artichaut Magazine
« Il faut saluer ici le travail de Jean-Christopher Cloutier qui a établi et présenté les textes réunis, en plus d'apporter un éclairage senti et judicieux pour en permettre une lecture qui nous entraine enfin au-delà des anecdotes que Kérouac traînait dans son sillage. [...] On y retrouve un Kérouax pris entre l'errance et l'enracinement, d'une sincérité renversante, doté d'un grand sens de l'humour, mais aussi avec un moi intérieur abîmé - magané- par la force assimilatrice des États-Unis. » Jean-Paul Beaumier, Nuit Blanche No 144
« La langue de Kerouac est à la fois d’une grande beauté et d’une infinie tristesse. C’est l’impossibilité de vivre l’Amérique en français qui est étalée dans ses pages qui sont pleines de passages où son « côté canadien-français » parle à son « côté américain ». Simon Rainville, L'Aut'Journal