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Guillaume Vigneault

Guillaume Vigneault

Né en 1970 à Montréal, Guillaume Vigneault a un baccalauréat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal.


En septembre 2000 il publie Carnets de naufrage. Puis, avec son deuxième roman, Chercher le vent, Guillaume Vigneault s’affirme comme l’une des nouvelles voix marquantes de la littérature québécoise. Alors que son roman a figuré plusieurs mois sur la liste des best-sellers depuis sa parution, en octobre 2001, les Éditions Balland (Paris) l’ont publié au mois d’avril 2002. De plus, Chercher le vent a été lancé, en octobre 2002, en langue anglaise, chez l’éditeur torontois Douglas McIntyre, sous le titre Necessary Betrayals.

Presse

À propos de Chercher le vent


Repoussons un premier lieu commun: Guillaume Vigneault ne souffre pas d’être le fils de Gilles. Liquidons-en un deuxième: les éloges qu’il reçoit ne sont pas le fruit d’une reconnaissance atavique. Fort du succès récolté par Carnets de naufrage en 2000, voici qu’il récidive avec Chercher le vent, un roman qui, sans réinventer la roue, témoigne d’une étonnante maturité.



Que reste-t-il à Jack qui émerge d’une rupture amoureuse, vit retranché à La Minerve et tente d’y apprécier la trame de ses désirs, d’envisager la vie après Monica? Hormis une mémoire à vif et un
présent étale s’agite en lui une crainte informulée, celle de retourner sur la ligne de feu, là où se frotter aux êtres implique aussi le risque de s’y brûler. Intervient heureusement le coloré
Tristan, frère de Monica, amant des quatre cent coups, Sancho qui décide de secouer le marasme dans lequel s’engonce au jour le jour son compagnon. Le remède? Comme le dit une belle expression populaire, partir sur un nowhere. La sémillante Nuna se joint au tandem en cours de route, mais « les triangles sont des objets contondants ». Dans un chalet loué du Maine, Jack est en proie à un insoutenable vertige intérieur. Avouer son désir à Nuna? Plonger? Remontent à la surface les alluvions du remords, des scènes indélébiles, un avion, la voix de
Monica… Et le narrateur quitte ses comparses, faisant cavalier seul pour mieux se retrouver. Du Maine à la Louisiane, de la vieille May à Derek, c’est un Kerouac de l’intime qui chemine et constate petit à petit qu’il n’y a pas d’échappatoire possible: il faut tout assumer et
avancer.



Justement, c’est avec bonheur que l’on avance avec Jack tant l’écriture de Vigneault semble couler de source, préférant aux images criardes les mots qui heurtent lentement, qui happent sans gant de boxe. Le romancier rend avec une remarquable constance la fragilité du sentiment humain sans pourtant glisser dans le sentimentalisme marchand; c’est dans cette nuance que réside la force de Chercher le vent. Ajoutez à cela des scènes croquées sur le vif qui ne tombent pas dans l’anecdotique et des personnages qui se découvrent plutôt que d’être des statues traînées de page en page: l’auteur fait mouche. Que nous réserve la suite? Chose certaine, Guillaume Vigneault est un nom à considérer dans le corpus québécois actuel. Entre un parfum beatnik, des percées camusiennes et une voix malgré tout personnelle, il est légitime de parler de lui sans rajouter la particule «fils de…».


Patrick Roy, «Guillaume Vigneault. Chercher le vent», Québec
français,
hiver 2002.


À propos de Chercher le vent



[…] Goût de la nuit, de l’alcool, mais aussi des interminables dérives à travers le continent, Guillaume Vigneault, on l’aura compris, est d’abord un jeune écrivain nord-américain. Ses références littéraires majeures, il ne le cache pas, se trouvent d’ailleurs de l’autre côté de la frontière: Hemingway, Salinger, Kerouac… Et il
suffit de le lire pour s’en persuader. Son deuxième roman, Chercher le vent, s’inscrit dans une tradition éprouvée. Un «road novel». L’histoire de la fuite vers le sud d’un ex-pilote d’avion, photographe d’art d’une certaine notoriété, mais surtout un grand blessé du cœur abonné aux anxiolytiques. Une balade thérapeutique à
bord d’une Buick roulant vers la Louisiane, en compagnie d’un beau-frère fantasque, maniaco-dépressif en rupture de clinique, et d’une ravissante Catalane croisée sur la route. Un roman drôle, émouvant, brossant le portrait gentiment acide d’une génération, écrit
dans une prose fluide et nerveuse.



[…]



Bref, un roman à travers lequel, en mêlant aux ingrédients poivrés du romantisme moderne une pointe liquoreuse de sentimentalisme, l’auteur confirme son indéniable doigté dans l’art de réussir les plus savoureux cocktails.



Bernard Le Saux, «Sur la route», Figaro magazine, 18 mai
2002.


À propos de Carnets de naufrage



M. Vigneault ne sait pas éviter toutes les longueurs et digressions
qui se présentent, non plus que quelques descriptions de paysages un
peu trop léchées, mais il a assez de flair pour éviter ce qui ennuie
le plus les lecteurs, les explications inutiles, les scènes qui
tournent en rond et n’en finissent plus, les naïvetés d’expression
qu’on lui pardonnerait pourtant. Mieux encore, il sait que la distance
est bonne conseillère, même quand elle est un artifice de fiction: le
récit d’Alexandre n’est pas écrit au jour le jour, mais après le drame
et sa résolution. Entre celle-ci et celui-là, le bonhomme ne perd pas
son temps. Il se retrouve bien vite dans le lit d’une femme. Il faut
lui en être reconnaissant, parce qu’il a une façon de tenir sur elle,
et les autres qu’il a connues, un discours amoureux à la fois juste et
de bon goût, pas macho pour deux sous et pas bégueule non plus.



C’est qu’il a de la culture, même s’il n’en fait pas étalage. Il en
a assez pour donner à son récit cette dimension autre – au delà des
aventures touristiques, sportives et sexuelles qui occupent son temps
de guérison – qui laisse place aux idées. Pas de façon explicite, mais
comme un sous-entendu. Ainsi le naufrage d’Alexandre devient-il dans
une certaine mesure le naufrage de ceux de sa génération, de ceux en
tout cas qui, comme lui, pensent que la vie n’a pas trop de sens et
qu’il ne faut pas en faire un drame, mais d’essayer d’en tirer le
meilleur parti. L’amour semble être une façon d’y arriver. S’il
s’absente, il reste la fuite. Les Carnets de naufrage sont
aussi l’éloge, modéré, de ce genre de fuite qui amène les gens au cœur
même de leur souffrance, pour mieux s’en libérer. Pas de no
future
ici, seulement la dénonciation, avec un sourire un peu
triste, de la fragilité des êtres et des sentiments.



Réginald Martel, «Un naufrage qui mène à bon port», La
Presse,
27 février 2000.

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