Monique Proulx est née à Québec et a étudié et aimé les sciences pures avant de compléter un baccalauréat en littérature et en théâtre à l'Université Laval. Elle a hésité un moment entre les métiers de chimiste et de comédienne avant de décider de s'adonner exclusivement à l'écriture. Son seul emploi en dehors de l'écriture aura été celui d'agent d'information au siège social de l'Université du Québec, à Québec, pendant trois douloureuses années. Depuis, elle est connue comme romancière, nouvelliste et scénariste de cinéma, ainsi que conseillère en scénarisation. Son œuvre romanesque a remporté plusieurs prix et fait l'objet de traduction en anglais, en espagnol et en roumain.
On lui doit aussi de très nombreuses nouvelles, parues dans différents recueils, des dramatiques diffusées à l'antenne de Radio-Canada, deux pièces de théâtre mises en scène au Théâtre La Bordée à Québec.
Elle a par ailleurs écrit plusieurs scénarios, dont celui de son propre roman Le Sexe des étoiles qui, porté à l'écran par la réalisatrice Paule Baillargeon, a remporté le Prix du meilleur film Canadien au Festival des films du monde de Montréal, le Prix du public au 3e Festival du cinéma québécois de Blois (France), le Prix de la critique et le Grand Prix du Festival de Marseille, le Grand Prix du public au Festival de Vancouver et le Prix du meilleur scénario au Festival international de Chicago.
Cette même année, 1994, Le Sexe des étoiles était mis en nomination pour les Oscars dans la catégorie meilleur film de langue étrangère et était en lice aux Golden Globe Awards pour représenter le Canada.
Elle est notamment l’auteur de Homme invisible à la fenêtre qui a inspiré le film Souvenirs intimes, réalisé en 1999 par Jean Beaudin.
En 2017, l'Office québécois de la langue française lui a décerné le Mérite du français dans la culture pour sa contribution à la vitalité et à l'enrichissement de la culture de langue française.
À propos de Champagne
«Le titre du dernier roman de Monique Proulx, Champagne, laisse croire qu’il y sera question du célèbre vin. Mais l’auteure a choisi ce mot en référence à la façon dont on désignait, au Moyen Âge, la campagne où poussent des lupins bleus et des roses roses. Véritable ode à la nature, son texte nous foudroie par sa beauté, sa sagesse, sa compassion envers des êtres maladroits, imparfaits et pourtant attachants. Comment ne pas aimer Lila, le fervent Jérémie, Claire, Simon, la résiliente Violette, qui vivent leurs doutes, leurs inquiétudes, leurs espoirs au cours d’un été passé à la campagne sauvage. Le talent de l’auteure nous permet d’entendre les fourmis frotter leurs élytres, les framboises mûrir au soleil, les chanterelles embaumer les sous-bois. On lit ce roman lentement, comme on déguste un grand Meursault, et on en ressort plus fragiles et plus fortes d’avoir vécu cet été qui chante autant que celui de Gabrielle Roy.»
Chrystine Brouillette, Elle Québec
«Le bonheur éclatant côtoie la peine, l’incompréhension et l’amerthume, ce qui fera dire à l’un des personnages en détresse : «…les souvenirs heureux sont des armes fourbes qui vous saignent à blanc». On y reconnaît l’écriture de Monique Proulx, passionnée, qui dépeint avec un réalisme fou le beau comme le laid.
Ce roman de Monique Proulx en est un de contemplation et d’émerveillement, même devant ce qui fait mal. Il incite à profiter de la vie, elle qui peut si facilement nous glisser entre les doigts. Il nous donne le goût de prendre son baluchon et de partir au chalet, dans la nature, de s’enfouir les orteils dans la mousse verte…»
Nicolas Davignon, Nuit Blanche
«L’œuvre entière de Monique Proulx semble empreinte de cette beauté fragile et délicate dont elle réussit brillament à tracer les contours; ce ne sont plus uniquement la forêt et le lac qui sont sublimés par son écriture, ce sont aussi ces êtres humains qui y vivent, tant les personnages de Champagne que tous ces autres qui traversemt ses romans et nouvelles. Des êtres à la dérive, immortalisés par la plume foisonnante d’une écrivaine à la parole rare, mais combien précieuse.»
Daviel Lazure-Vieira, Entre les lignes
«Ode à la nature québécoise, à sa faune et à sa flore, avec lesquelles nous entretenons parfois inconsciemment des rapports peut-être troubles mais fondamentaux, Champagne dévoile peu à peu ses mystères en tissant autour du lecteur une sorte de toile d’araignée captivante, envoûtante. Entrelacs de grandes et petites tragédies domestiques, de passions déchirantes et d’anmours contrariées, ce quatrième roman (et sixième livre) de Monique Proulx en un quart de siècle d’écriture confirme que si l’écrivaine n’est pas aussi prolifique que le souhaiteraient ses inconditionnels (dont moi), l’extrème qualité et la force de son œuvre compensent amplement pour la quantité.»
Stanley Péan, Le Libraire
À propos de Le Cœur est un muscle involontaire
«[…] C’est un roman policier dans lequel il n’y a pas de coupable à
trouver. Florence recherche Pierre Laliberté, cet écrivain secret qui
pourrait avoir à voir avec Réjean Ducharme, dont trois citations
servent d’épigraphes au livre, mais peu importe. Florence va aller
jusqu’à lire ses livres. Elle nous en raconte même un. «Mais on a rien
dit en schématisant ainsi l’histoire, parce que l’histoire n’est
qu’une cheville de laiton pour enrouler le menu principal, et le menu
principal est composé d’émotions sauvages portées par les
mots. Comment les mots de papiers peuvent-ils se transformer ainsi en
chaleur et en violence, mystère, mystère suspect qui n’est pas loin de
la sorcellerie.» On peut lire Le cœur est un muscle
involontaire comme un roman d’amour, filial ou pas, comme un
polar, un roman d’apprentissage, «mais on n’a rien dit en schématisant
ainsi l’histoire». C’est d’une approche de la «sorcellerie» qu’il
s’agit. À défaut de décrire précisément le processus de l’écriture,
Monique Proulx en montre les effets. Une jeune fille est dépucelée par
la littérature, elle se promet de renouveler le plaisir autant que
possible. Il y a beaucoup de gaieté dans l’écriture de Monique Proulx,
une sorte de joie simple. […]»
À propos de Homme invisible à la fenêtre
«[…] Ne vous dépêchez pas de lire Homme invisible à la
fenêtre. Cet été, l’hiver prochain, dans cinq ans, il n’aura pas
vieilli d’une ligne. Une collègue de bureau à qui je l’ai offert et
qui l’a beaucoup aimé était tout étonnée de ne pas connaître l’auteur:
Monique Proulx, qui est-ce? Qu’a-t-elle écrit d’autre? Comment se
fait-il que la critique n’ait pas salué l’avènement d’un grand
écrivain?
Sans doute que pour fleurir ses pots, la critique préfèrent les
pivoines et leur beauté immédiate. On les respire un grand coup. On
s’enivre un peu. Elles se flétrissent en une nuit. Suivante…
Un livre ça date de toujours et ça continue.
Si vous êtes de la race qui lit des livres, vous allez forcément
finir par lire Homme invisible à la fenêtre. Je ne vous le
raconterai pas mais je peux au moins vous dire ce que fait à la
fenêtre cet homme invisible: il fait votre portrait. C’est le thème
universel de tous les livres. Dans tous les livres il y a un homme ou
une femme invisible (et handicapé par l’acte d’écrire), qui fait votre
portrait.»
Pierre Foglia, «Ce livre n’est pas une pivoine», La
Presse, 17 mai 1993.
À propos des Aurores montréales
«Écrivaine et scénariste, Monique Proulx a l’habitude de travailler
les mots pour qu’ils deviennent images. Son nouveau recueil de
nouvelles, Les Aurores montréales, en fait encore la
preuve. Attribuant pour titre à cinq des vingt-sept nouvelles des
couleurs primaires «Jaune et blanc», «Rouge et blanc», par exemple),
l’auteur donne le ton à ses récits. Dès les premières lignes, le
tableau s’anime; les parfums et les sons, la chaleur et le froid, les
accents et les sons, la vitesse et la lenteur, les formes et les
couleurs: tout concorde dans ces vingt-sept textes à donner prise aux
sens.
[…]
La nouvelle se prête parfaitement à ce projet d’écriture qui
comporte autant de voix, d’histoires et de personnages. Chaque texte
décrit un thème, une action précise. Chaque nouvelle est unique et
porte sa propre difficulté. «Parce que le lecteur est constamment face
à cet état de “brisure” devant un recueil de nouvelles, il faut
s’efforcer de s’investir encore plus. Il faut plus d’âme et
d’intensité. Souvent dans un roman, les différentes parties peuvent se
répondre. Le sujet central est étoffé, par toutes ses composantes, ses
digressions. Tandis que la nouvelle est implacable, t’as dix pages
pour raconter ton histoire, parfois moins. Pour moi, ce n’est pas plus
facile. Quand tu répètes l’expérience vingt-sept fois, il faut
vraiment avoir quelque chose à dire, un os à dénuder, et autant de
fois, c’est difficile: parce qu’il faut que chaque texte, court ou
long, vienne d’une urgence. Comme quand on écrit un roman.»
[…]
Pour structurer le recueil, Monique Proulx a imaginé cinq parties
distinctes, introduites chacune par une nouvelle en guise de
prologue. Par exemple, «Gris et Blanc» évoque «l’arrivée à la vie, à
la maturité». Les textes qui suivent évoquent la rupture, d’avec sa
famille, entre autres. La seconde partie, «Jaune et Blanc», porte sur
les lieux. «Ce qu’on visite d’abord, ce sont les endroits “habités” de
la ville: une cabine téléphonique, une rame de métro, une banque, un
cimetière.» Mais, en général, les nouvelles de Monique Proulx ont tout
à voir avec la rencontre, la découverte de l’autre. «Comment fait-on
pour composer avec des gens qui non seulement sont différents, mais en
plus nous paraissent hostiles?»
Proulx mêle savamment le tragique et le comique, mais n’épargne
jamais au lecteur le choc de la vérité. Il faut lire sa nouvelle
intitulée «Le futile et l’essentiel», l’histoire de cette maman,
Fabienne, qui débarque chez sa fille Martine à Montréal, et qui n’a
jamais pris le métro. Tendresse devant cette femme perdue dans la
ville; détresse devant la vitesse et l’anonymat urbains. Ou «Jouer
avec un chat», qui met face à son destin un père du dimanche qui
préfère sa vie à sa fille. Plus les nouvelles s’égrènent, plus elles
nous ressemblent, ces gens venus d’ici et d’ailleurs, qui se battent
avec la difficulté de vivre.
Si le thème de la richesse inaugure le recueil (l’attrait des
immigrants pour «l’Eldorado du froid»), c’est celui du développement
qui clôt les vingt-sept histoires des Aurores montréales. Petit
à petit, nous comprenons mieux l’étranger, sa solitude, mais aussi la
nôtre. Nous allons progressivement vers une mise à nu des
émotions. C’est ce qui explique, pour leur auteure, que «les nouvelles
sont de plus en plus graves», au fur et à mesure que l’on tourne les
pages. Parce qu’on ne doit rien cacher sous les mots, l’écriture est
un engagement de soi. Et, comme l’écrit Monique Proulx, «les livres
qui mentent ne valent pas le papier qui les imprime».»
Pascale Navarro, «Monique Proulx. Poussières
d’étoiles», Voir, 21-27 mars 1996.
«[…] Elle a raison d’insister, Monique Proulx, sur la structure de
son livre. Une structure admirable, qui offre une formidable mosaïque
de Montréal sous ses multiplies aspects contradictoires. Mais qu’on se
le dise, ses Aurores montréales ne sentent pas la structure
plaquée, la construction préfabriquée, l’écriture
surfaite. Ses Aurores montréales sentent avant tout la vie, de
tous bords tous côtés, qui déborde. Tout tient aux personnages,
d’abord. Cette façon qu’a Monique Proulx de se mettre dans la peau de
chacun, Blanc, Noir, anglophone, francophone, Haïtien, Amérindienne,
homme, femme, ado, père, mère, amoureux, clochard…
«Se mettre dans la peau des autres, ça ne veut pas dire changer
d’opinion, embrasser les théories ou le point de vue des autres, ça
veut dire au moins comprendre le désarroi des autres. Si par exemple
les anglophones de Montréal, du Canada, savaient à quel point c’est
douloureux de porter une existence pendant des années où tu ne sens
pas de patrie réelle, où tu as l’impression que ce pays-là n’est pas
ton pays, s’ils comprenaient que ce n’est pas par vantardise, que ce
n’est pas par provocation qu’on agit… ils ne seraient pas pour autant
d’accord avec notre quête, mais les rapports antagoniques
n’existeraient pas. Il y aurait une compassion de départ.»
La même compassion vaut, selon elle, à l’inverse.
«Si nous comprenions le désarroi des anglophones qui sont ici à
Montréal, et qui voient arriver avec une espèce de terreur la
possibilité que les francophones se rendent coupables des mêmes abus
peut-être à leur endroit que les anglophones font subir aux
francophones dans les autres provinces, si on comprenait leur désarroi
devant cette menace qu’ils sentent, cette crainte que Montréal, qui
est leur ville de naissance, leur échappe, on ne verrait plus leur
attitude comme une provocation pure et dure.»
Les Aurores montréales, c’est un peu la contribution de Monique
Proulx à ce qui pourrait ressembler à un début de dialogue entre les
francophones et les anglophones de Montréal, entre les Québécois dits de
souche et les autres. C’est sa façon de dire qu’elle est préoccupée par
le manque de solidarité, de générosité qu’elle constate de façon générale
dans la ville. […]»
Danielle Laurin, «Monique Proulx», Le Devoir, 23-24 mars
1996.
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