Chacun des quinze essais réunis dans ce livre est comme une fenêtre qui permet d’embrasser un pan de l’art et de la pensée de l’un des plus grands écrivains québécois. S’il a été célébré dans le reste du Canada, Mordecai Richler (1931-2001) est toutefois encore largement méconnu dans la province qui l’a vu naître et avec laquelle, il faut bien l’avouer, il a entretenu des rapports quelque peu problématiques.
Au-delà des polémiques et des déclarations incendiaires, on découvre ici divers visages de l’écrivain qui se fait tour à tour critique, diariste, chroniqueur, voire, par moments, philosophe, tout en restant grand pourfendeur de bêtises, d’idées reçues et autres rectitudes politiques. Le gamin de la rue Saint-Urbain qui rêve d’ailleurs en découvrant la littérature cède la place au jeune homme ébloui qui dévore Paris comme un fruit mûr, puis à l’écrivain accompli, confirmé, dont la plume s’est affinée sans rien perdre de son mordant. Partout s’affirme l’importance des livres qui rythment ce parcours et sont le sujet de la plupart des textes rassemblés ici, dont plusieurs portent, de façon directe ou oblique, sur le métier et la vie de l’écrivain.
Que l’auteur évoque le souvenir des hivers de son enfance montréalaise ou fasse le récit amusé des après-midi passés en compagnie de sa bande de joyeux lurons dans le village des Cantons-de-l’Est où il s’est établi à la fin de sa vie, partout l’on reconnaît la même fougue, le même esprit inimitable et foisonnant. À travers ces pages écrites sur quelque trente ans se révèlent ainsi non pas un mais plusieurs Richler, tous brillants, étonnants, touchants.
Les textes de ce livre ont été choisis par Nadine Bismuth et traduits de l’anglais par Dominique Fortier