Jésus Marie Joseph, je suis excitée en diable, comme jamais auparavant, dans la cabine d’un navire sur un golfe écumeux, quelque part à l’ouest de Terre-Neuve, le soi-disant comte d’Épirgny, mauvais garnement sacré champion de tennis d’Orléans il y a cinq ans, coincé entre mes cuisses.
Le Pas de l’ourse raconte les tribulations d’une jeune Française qui ne traverse l’Atlantique, en 1542, en compagnie de son oncle, le sieur de Roberval, grand rival de Jacques Cartier, que pour être abandonnée, avec son amant et sa vieille nourrice, sur une île déserte du golfe Saint-Laurent.
À partir de ces faits historiques, Douglas Glover échafaude un roman picaresque et truculent, peuplé d’ours véritables, d’ours imaginaires et d’ours mythologiques, d’Indiens mystérieux ou mystifiés. Ce tourbillon où se mêlent mythe et réalité, mort et désir, télescope violemment le passé et le présent pour réécrire l’histoire de la rencontre de deux continents.
Glover nous fait imaginer ce que les côtes de l’Amérique signifiaient pour les premiers colons européens, ce que ces gens représentaient aux yeux des autochtones, et l’échec tragique des deux parties à reconnaître l’humanité de l’autre. Il explore cette terra incognita où se touchent et se confondent les cultures, les sexes, les langues. Bref, tout ce qu’on ne trouve pas dans les livres d’histoire…