À travers les œuvres de Mario Benedetti, Juan Gelman, Tununa Mercado, Juan José Saer et d’autres, l’essayiste et traducteur Nicolas Goyer entrecroise deux questions, celle des migrations et celle de la traduction. C’est le désir des langues, écrit-il, qui l’a entraîné à vouloir saisir de l’intérieur l’histoire de l’Amérique latine contemporaine, la fracture due aux dictatures, la reconfiguration des relations humaines et du temps qui passe. Il lui fallait mieux comprendre l’historicité argentine-uruguayenne affectée par la terreur d’État implantée et entretenue par les militaires pendant près de dix ans et qui a persisté sous le manteau les années suivant leur retrait : trauma collectif, déni, silence. Il devait aller écouter cette langue.