«La force de la littérature, de la poésie, écrit Pierre Nepveu, consiste à faire apparaître la constellation d’expériences, de désirs, de réminiscences contenue dans tout lieu, si petit et humble soit-il.» Les lieux ne parlent que s’ils sont lus, d’une lecture entendue ici à la fois comme ouverture du lieu sur le monde et comme appropriation du monde dans le lieu. C’est donc à de telles «lectures des lieux» que s’emploient la vingtaine d’essais réunis dans ce volume, qui se penchent tantôt sur des paysages réels et aimés — certain quartier de Montréal, certaine lumière de la région de Mirabel —, tantôt sur des œuvres littéraires d’ici et d’ailleurs. Mais quel que soit son terrain, qu’elle se passe dans les livres ou dans la vie, dans l’œuvre de Jacques Ferron, d’Élise Turcotte, de Pierre Morency ou de Peter Handke, cette expérience reste toujours hantée par la même question : comment habiter, vraiment habiter le monde, ce monde-ci, celui qui nous renvoie sans cesse « à notre présence la plus intime et aussi à notre lente, très lente disparition » ?