André Major
André Major est né à Montréal en 1942. Auteur d’une importante œuvre romanesque et nouvellistique, il pratique assidûment l’art du carnet, illustré par Le Sourire d’Anton (2001), L’Esprit vagabond (2007), Prendre le large (2012), L’Œil du hibou (2017) et Les Pieds sur terre (2020), tous publiés aux Éditions du Boréal. André Major a reçu le Prix littéraire du Gouverneur général en 1977, le prix Canada-Communauté française de Belgique en 1991 et le prix Athanase-David en 1992.
Presse
À propos de L’Esprit vagabond
On a le plaisir rare de fréquenter un esprit sensible doublé d’un libre penseur épris de lucidité.
Paul Jacques, Le Clap
Nous oublions parfois que certains écrivains sortent des grandes avenues romanesques pour s’aventurer ailleurs. Les derniers «carnets» d’André Major, publiés chez Boréal sous le très beau titre L’Esprit vagabond, nous invitent à faire le saut, à choisir autre chose…un parcours plus intimiste assurément, au ton parfois poétique, parfois cynique, mais toujours juste d’un écrivain qui, jour après jour, transmet dans l’écriture se sensibilité au monde. Des enjeux sociopolitiques de l’époque à la beauté de la nature, ce chemin suit chronologiquement les premiers carnets de Major, publiés en 2001, sous le titre Le Sourire d’Anton ou L’Adieu au roman. Parce que l’Esprit vagabond propose une écriture libre et franche, nous nous sentons interpellés à notre tour dans notre quotidien, enthousiastes de partager tant, et si simplement.
Claudiane Laroche, Le libraire
La Marche
Dans ce très beau livre d’André Major, la nature nous est donnée à travers cet «esprit vagabond» qui n’en finit plus d’arpenter les sentiers longeant la rivière, ceinturant le lac, rejoignant le torrent. L’émerveillement et l’éblouissement du promeneur ou du flâneur (quoiqu’on parle davantage d’un flâneur urbain) n’en finissent plus de solliciter la complicité du lecteur ravi de découvrir au fil de ces promenades tous ces arbres, chênes, bouleaux, pins, hêtres, qui nous ressemblent, tous ces noms d’herbes et de fleurs qui bordent la route, tous ces rongeurs qui attendent l’homme qui marche, tout un spectacle ininterrompu de bruits, d’odeurs et de couleurs. De découvertes en plaisirs, le narrateur engage une conversation avec la flore qui l’entoure et le saisit tout comme l’image que l’on cherche et que l’on trouve. Au détour, des choses vivantes qui assaillent le visiteur de la forêt ; ce dernier songe à ses mots et à l’écriture de son roman, au nombre de pages composées la veille ou le matin avant de sortir, un, quatre ou cinq feuillets qui s’accumulent sur la table de travail.
Le vagabondage dans la nature n’a d’égal ici que l’«errance» scripturaire, pour reprendre le terme de l’écrivain. L’«esprit vagabond» suggère également la plume vagabonde, celle qui bouge au dehors et en dedans et court sur la feuille blanche. Que l’écriture soit libérée de la contrainte demeure toutefois une illusion, car l’écrivain semble toujours pris dans le piège d’une histoire à raconter, de personnages à cerner, d’une page à terminer. Au détour de ces sorties, des points de repère ou des pôles semblent guider l’homme : le chalet où l’on retourne sans cesse, le torrent qui murmure et accompagne la présence du rêve, enfin le feu allumé pour se débarrasser du bois mort et la trace ou la piste qui conduit toujours au récit et à la langue. La nature encense le personnage solitaire aux prises avec sa mémoire comme l’écrivain du carnet. On ne peut lire L’esprit vagabond sans conjuguer l’univers des mots avec celui des saisons et celui de la marche journalière dans un environnement familier.
Claudine Potvin, Lettres québécoises